Sur la "théorie du ruissellement"!

Ruissellement?

Il y a le ruissellement sur les trottoirs, chaussées et autres parkings aux revêtements imperméables... Les eaux qui y ruissellent finissent toujours vers des points bas, des déversoirs, des cours d'eau et y entraînent des flux qui, lors d'orages ou de périodes de pluies ininterrompues provoquent des crues parfois redoutables: dans le Loiret au printemps, on en a fait l'expérience. Par ailleurs, en lessivant les surfaces des divers déchets et pollutions (hydrocarbures, sels de déneigement, résidus du désherbage des bordures...) le processus accroit la charge des eaux en composants nocifs ou dangereux.

Tout cela, on le connaît, à Olivet comme ailleurs.

Mais on parle aussi de ruissellement en matière économique. Les bénéfices des uns les mènent à acheter des biens,  à les faire produire par d'autres, cela crée de l'activité, des emplois... Bref, la richesse des riches, en fin de compte, profite à ceux qui ne le sont pas, aux pauvres, à tous. D'autant plus que les riches ont, suppose-t-on, bien d'autres soucis en tête que de dépenser sans trop compter

Enfin, ça c'est la théorie!

Sur la "théorie du ruissellement"!

Elle a été conceptualisée au début du XIX ème par deux économistes, Adam Smith et David Ricardo. On parle ainsi de "trickle down effect" (en anglais ça fait mieux, non?) ou effet de ruissellement ? Laissons donc les riches s'enrichir plus encore, incitons les autres à tenter de devenir à leur tour aisés, et, pour cela, évitons de borner ou freiner la spéculation et l'esprit d'entreprise par des normes trop strictes, des codes trop contraignants ou une taxation trop lourde. On aura reconnu le thème majeur de l'ultralibéralisme.

En ces temps où de nouveaux parlementaires, admirateurs de l'esprit d'entreprise, ont décidé de soutenir un gouvernement qui est en passe de redéfinir l'ISF, de gratter ça et là un peu de CSG par-ci, un peu d'allocation logement par là pour permettre de favoriser les investissements, de retenir ici les actionnaires et fonds de pension d'aller voir ailleurs si l'herbe y est plus grasse, on assiste, sous couvert de modernité, au retour en grâce de cette bonne vieille théorie bicentenaire du ruissellement.Et il ne serait pas étonnant qu'elle ait à Olivet, encore ou à nouveau, pas mal d'adeptes...

Pour qui voudrait en savoir un peu plus, voici un article publié il y a déjà quelque temps sur un blog de discussion entre "honnêtes gens", l'Abécédaire des sociétés modernes".

Attention, c'est un peu long... mais ça n'est pas inaccessible!

Sur la "théorie du ruissellement"!
http://moderne.canalblog.com/

 

Dans une société démocratique de fortes inégalités de revenus font problème : seule leur éventuelle efficacité économique, c’est-à-dire leur capacité à favoriser l’enrichissement de tous peut, en dernière instance, les rendre dans une certaine mesure légitimes. Certains soutiennent que ces inégalités sont le produit d’efforts et de talents différents ou encore  n’y voient qu’un effet de la liberté d’entreprendre ou de spéculer. Mais même ceux-là reconnaissent, implicitement au moins, que cela ne suffit pas à  légitimer ces inégalités puisqu’ils s’empressent de préciser que  les  richesses des uns sont aussi profitables au plus grand nombre.

Qu’en est-il dans les faits ? Bien que n’étant pas économiste j’ai tenté de le savoir. Quelles ont été au cours de la période récente les relations entre  la très forte croissance des très hauts revenus (1) et l’évolution du niveau de vie du reste de la population ? (Les très hauts revenus sont, en partie conventionnellement, les revenus perçus par les 1%  les plus riches.)

Pour les Etats-Unis Paul Krugman(2), dans son livre L’Amérique que nous aimons, en s’appuyant sur les travaux de Piketty et Saez (3), rappelle qu’entre 1973 et 2005 le pays a connu une très forte augmentation des inégalités de revenus : les revenus des 0,1% les plus riches ont été multipliés par 5 et ceux des 0,01 les plus riches par 7. Or pendant le même temps le niveau de vie de l’Américain type ou ordinaire stagnait, comme le manifeste la très faible croissance du revenu médian (celui de la personne qui est plus riche que la moitié et plus pauvre que l’autre moitié) (4). Autrement dit le « ruissellement » de la richesse sur l’ensemble de la population que certains avaient prédit n’a pas eu lieu (4).

Que s’est-il passé en France au cours de la même période ?

A partir des travaux de Piketty et Landais ainsi que de l’étude de l’Insee sur les revenus et le patrimoine des ménages    2004-2007 (5), nous pouvons faire les observations suivantes

Les revenus des plus riches, après une période de progression lente se sont mis à augmenter extrêmement rapidement à la fin des années 90 et au début des années 2000 : entre 1998 et 2005 les 0,01% des foyers les plus riches ont vu leurs revenus croître de 42,6% et entre 2004 et 2008 de 33%.

Pendant ce temps-là, le revenu médian par mois est passé (en euros constants 2009) de  976 euros en 1975 à 1392 euros en 1998, à 1502 euros en 2005 et à 1590 euros en 2009. En bref une progression ininterrompue, là où aux Etats-Unis il y a eu, selon Krugman, stagnation.

 L’Observatoire des inégalités récapitule ces données pour les dernières années dans le tableau suivant :

Hausse des revenus entre 2004 et 2008
Evolution des revenus annuels déclarés par personne

 

2004 (en euros)

2008 (en euros)

Hausse (en %)

Hausse en valeur (en euros)

Les 50 % des personnes les plus riches gagnent au moins

17 400

18 300

+ 5

+ 900

Hausse des plus hauts revenus

Les 10 % les plus riches gagnent au moins

35 300

37 000

+ 5

+ 1 700

Les 1 % les plus riches........

80 500

88 200

+ 16

+ 7 700

Les 0,1 % les plus riches........

201 300

239 300

+ 19

+ 38 000

Les 0,01 % les plus riches........

551 900

732 300

+ 33

+ 180 400

Ces revenus ne prennent pas en compte les impôts et les prestations sociales.

Source : Insee

 

Faut-il en conclure, comme le font certains, que le temps où les bénéfices de la croissance étaient partagés par la quasi-totalité de la population a pris fin et que désormais l’enrichissement de notre pays ne profite plus qu’à une petite minorité ? Je nous pose vraiment la question.

 

Pierre Gautier

Sur la "théorie du ruissellement"!

Le texte suivant est bien plus récent: ça vient de sortir. Et l'auteur est connu dans le Loiret et même à Olivet, c'est un sénateur, sortant et finalement rentré, qui a écrit cela dans la lettre hebdomadaire qu'il adresse à ceux que ça intéresse. Et oui, des élus qui rendent compte de leurs avis, de leurs choix, de leurs votes, de leur mandat, ça existe... Son nom? Bah, il est écrit à la fin, mais vous avez déjà deviné!

J’ai toujours dit et écrit que je jugerai sur pièces les mesures proposées par l’actuel gouvernement.
Je dois dire ici mon profond désaccord avec la réforme de l’Impôt Sur la Fortune qui a été annoncée, puisque celle-ci revient à exonérer tous les plus hauts – et les très hauts – éléments de patrimoine qui ne sont pas immobiliers, et donc tous les portefeuilles financiers qui constituent les patrimoines les plus élevés dans notre pays.
Et cela en vertu d’une théorie dite du « ruissellement » selon laquelle l’enrichissement doit être magnifié dès lors que la collectivité est censée en bénéficier !
Mais ce pari est plus que risqué.
Et comme l’écrit justement Françoise Fressoz dans « Le Monde » du 28 septembre, « On n’est pas loin d’entendre le « enrichissez-vous » prêté à tort ou à raison à Guizot sous la monarchie de Juillet. Laquelle finit par fabriquer une robuste classe de rentiers. On ne peut aujourd’hui exclure que la même tendance se reproduise, au risque de creuser fortement les inégalités, qui sont beaucoup plus considérables en termes de patrimoine que de revenus ».
Emmanuel Macron s’était défini comme étant « et de droite et de gauche ».
Il me paraît que tous ceux qui ont en France du mal à « boucler leur fin de mois » ne souscriront pas – c’est un euphémisme – à ces propositions qui susciteront l’incompréhension, voire la révolte, de nombre de ceux qui se reconnaissent dans le « peuple de gauche » – et dans le peuple tout court !
Jean-Pierre Sueur

Sur la "théorie du ruissellement"!

Vous avez lu tout cela? Bravo... Moi, je me borne à verser de l'eau au moulin (à paroles): j'aurais trop peur de rester sec quand ça ruisselle de partout. Mais je vais quand même dépenser pour m'acheter des bottes et un pébroque pour qu'ainsi quelque chose de mes revenus ruisselle sur moins aisé que moi.

Et vous, chers lecteurs ruisselants, chères lectrices rincées... qu'en pensez-vous?

 

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