Depuis le 16 mai, nous avons un nouveau gouvernement  « paritaire ».

La parité, c’est quoi ?

On peut en parler, avec des sens fort différents, en mathématiques (par exemple la parité des entiers), physique (propriété quantique), en informatique (bits de parité), en obstétrique (la parité correspond au nombre d’enfants), en économie (parité du taux de change) et en sociologie et politique (c’est l'objectif d'égalité des sexes).

D’après le CNRTL (centre national de ressources textuelles et lexicales), c’est « le rapport d'égalité, de similitude entre deux choses ou deux êtres » ou « l’égalité de la représentation de deux parties (parfois plus) dans une assemblée, une commission » .

Il semble que le gouvernement « paritaire » soit le gouvernement avec « égalité de représentation de deux parties ».

Quelles parties ?

Pour Charlie Hebdo, on peut comparer énarques et non-énarques .

On peut comparer sensibilités de droite et de gauche… avant bien évidemment.  Maintenant on dit "ni droite-ni gauche" ; certains esprits qui se veulent critiques disent "ni gauche-ni gauche".

On peut comparer les ministres issus de la « société civile » et les « connus de la politique ».

On peut aussi faire la synthèse des deux dernières propositions : objectif d’égalité entre les sexes et égalité de représentation. Cela veut dire des femmes et des hommes en nombre égal. Oui, on peut se féliciter du gouvernement « paritaire » installé le mercredi 17 mai. Et remarquer qu’il s’inscrit dans la suite logique des gouvernements paritaires initiés dans le mandat présidentiel précédent. Un retour en arrière aurait été incompréhensible.

Mais où sont les femmes et où sont les hommes ? Ce n’est pas de l’égalité numérique, mais de l’égalité qualitative dont il s’agit. Ou simplement, quelle place  et quelle légitimité sont accordées aux femmes ?

Sur ce point, on peut regretter de devoir ajouter la mention « pourrait mieux faire » :

1-Le premier ministre et les trois ministres d’État sont quatre hommes !

2-Sur les 18 ministres, il y a deux "ministres chargées de…", ou "ministres déléguées" ; ce sont  deux femmes !

3- Le "ministère des droits des femmes" annoncé lors de la campagne électorale est devenu un secrétariat d’État ! Pourtant l’égalité femmes-hommes est un sujet transversal qui pourrait mériter un ministère plein dans le gouvernement.

L’entre soi masculin au plus haut niveau de notre République est à ce jour maintenu : un président de la république, un premier ministre, un président du Sénat, un président de l’Assemblée nationale, soit 100% d’hommes ! Ajoutons 75% d’hommes au Sénat et 73% d’hommes à l’Assemblée nationale.

Il reste à espérer que les élections législatives de juin marquent le début d’un changement significatif dans  cet entre soi très masculin, au moins dans l’Assemblée nationale.

Danièle BOUCHOULE

 

Parité dans les nouveaux ministères : deux olivetaines réagissent !Parité dans les nouveaux ministères : deux olivetaines réagissent !Parité dans les nouveaux ministères : deux olivetaines réagissent !

Plafond de plexiglas !

Vous avez sans doute eu la nouvelle : 4 femmes parmi les 22 directeurs de cabinet des différents ministères du gouvernement d’Édouard Philippe, soit moins d'1/5 : qui dit mieux ? Et que fait la Secrétaire d'État à l'égalité hommes/femmes ?...

Cela confirme sinon l'antiféminisme du nouveau président de la République, en tout cas que nous sommes dans le retour en arrière concernant les places et rôles de chacun. D'autre part, contrairement à ce qui nous a été vendu, promis, seriné tout au long de la campagne, c'est le fonctionnement habituel, en l'occurrence la cooptation, qui d'ailleurs ne fonctionne que dans un sens, les ministères attribués à des femmes ont des hommes comme directeurs de cabinet...Cet entre-hommes qui s'ajoute à l'entre-soi, c'est vraiment malsain, et le serait tout autant dans l'autre sens bien évidemment. Laissons de côté l'affaire Ferrand, illustration de la continuité, même en mode mineur, dans le changement annoncé.

Quant au prestigieux ministère aux Armées de Sylvie Goulard, présenté comme une avancée dans la place donnée aux femmes, si j'ai bien compris et ses dénégations à elle ne font que souligner la situation, elle est chargée de l'intendance des troupes, cantinière en chef en quelque sorte ! C'est le Président qui reste le vrai chef de la défense : tiens, comme c'est bizarre, elle pour la maison, lui pour le terrain ! Emmanuel Macron a des lettres, on le savait, il connaît son Xénophon, "L'Économique" (nous sommes au 4e siècle avant J.-C.) où telle est la répartition des rôles entre l'épouse, qui s’occupe de l’économie domestique, et son mari, qui lui a en charge l’économie générale du domaine...

Franchement, qui peut soutenir que la marche se fait en avant ? Ce n’est en tout cas pas non plus l’impression qu’a donnée tout récemment la franche et virile, forcément virile, poignée de mains échangée lors du G7 avec Trump, défenseur bien connu de la cause des femmes !

Emilia NDIAYE

Retour à l'accueil