Solidarité à 1%

Eau : solidarité internationale

Depuis qu’a été amorcée la réflexion sur l’après février 2015 en matière d’eau à Olivet, un point a été à diverses reprises évoqué par des élus et par des associations (ICEO, Olivet Solidarité…) : le recours aux dispositions prévues par la loi « Oudin-Santini ».

Depuis le 9 février 2005, cette loi autorise les collectivités territoriales, les syndicats des eaux ou d'assainissement et les agences de l'eau à consacrer jusqu'à 1% des recettes des services d'eau et d'assainissement à des actions de solidarité internationale dédiées à ce secteur.

Dix ans après, un communiqué commun des Agences de l’eau, du Partenariat français pour l’eau et du programme Solidarité-Eau a dressé un bilan dont voici quelques chiffres :

200 millions d’euros ont été mobilisés en dix ans

1 000 projets ont été menés concernant une cinquantaine de pays

400 à 500 collectivités y ont participé sur cette décennie, selon le Programme solidarité eau (PS-Eau). « Cela représente environ 400 à 500 collectivités engagées sur la décennie », précise Cécile Noblot, responsable communication et plaidoyer de l’association, spécialisée dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.

Ces chiffres sont importants… mais dérisoires par rapport à d’autres :

1,8 milliard de personnes dans le monde utilisent encore une eau contaminée par des bactéries fécales et 2,5 milliards n'ont pas accès à des toilettes décentes

En France, on compte 35 000 services d’eau et d’assainissement que compte la France. Tant mieux pour nous… mais, à l’évidence, les services d’eau et d’assainissement n’ont pas massivement exploité « le système du 1 % » des recettes à allouer à des actions concrètes de solidarité internationale menées le plus souvent en zones rurales creusement de puits, latrines, réseaux d’évacuation… Certes, il y a des exceptions, ainsi l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse accorde un budget de 4,4 millions d’euros d’aides (0,84% de ses recettes).

Le recours à ce dispositif pose sans doute diverses questions :

sur le contrôle du bon emploi des fonds (d’où l’intérêt de recourir à des partenariats déjà engagés entre associations locales (du Nord et du Sud) ayant appris à travailler ensemble en confiance,

sur les moyens d’éviter que ces fonds soient détournés pour être réinjectés dans une politique d’expansion et de conquête de gros marchés par les sociétés qui ont prospéré sur le marché de l’eau (les Olivetains en connaissent…)

Et certains avancent que la facture d’eau des usagers n’a pas été prévue pour ça et que les collectivités peuvent financer la solidarité internationale sur leur budget général. D’ailleurs, en 2013, pour ce qui est de la « solidarité eau », 52 % d’entre elles se sont engagées via leur budget général contre 41 % via le système du « 1% » et 7% ont conjointement mobilisé les deux dispositifs.

Solidarité à 1%

Qu’en est-il à Olivet ?

Aucun programme de solidarité de ce type n’est, jusqu’à présent, inscrit au budget général… et c’est peut-être aussi bien que ce dernier serve plutôt à répondre à des dépenses de solidarité en situation d’urgence vécues par des populations, en France ou ailleurs (Haïti, Pyrénées etc…).Mais au moment où un nouveau contrat de DSP Eau a mené à des baisses de tarification, l’occasion a semblé bonne à un certain nombre d’acteurs de la vie olivetaine de proposer un surcoût minime des consommations dans le cadre de la loi Oudin-Santini.C’est là une manière concrète d’illustrer le principe selon lequel l’eau est le bien commun de l’humanité, de lier ce que l’on consomme à ce que l’on donne. C’est là une direction que préconisent les ONG, le pape François et tant d’autres.

L’ancien maire n’avait pas semblé y être hostile (du moins, il ne l’avait pas fait savoir…) mais préconisait d’attendre la mise en place effective du nouveau contrat : on verrait alors… Le nouveau maire a reçu le 17 juillet une délégation d’Olivet Solidarité qui portait une demande de « 1% Oudin » pour une action avec ses partenaires au Sri-Lanka. Mais il voit en ce dispositif une sorte d’impôt supplémentaire auquel il pense devoir s’opposer en raison de l’engagement de ne pas augmenter la fiscalité locale. On verra disait l’un… C’est tout vu dit l’autre…Et comme en plus le conseil des usagers de l’eau est partagé sur la question, voilà une demande d’Olivetains qui paraît ne pas devoir aboutir. Les mauvaises langues insinuent que c’est surtout parce qu’elle a émanée d’ICEO et d’Olivet Solidarité, associations indépendantes. Pas sûr que cet écho dans Olivet Mag fasse bouger les lignes !

En attendant, peut-on s’accommoder de la frilosité en la matière, se réjouir qu’Olivet participe au repli sur soi que manifestent globalement les collectivités territoriales en matière de solidarité internationale ? Et cela sans qu’il y ait eu débat sur ce point en conseil municipal…

Il semble plus facile de s’émouvoir à la vue d’images qui illustrent la détresse des populations d’ailleurs que de contribuer depuis chez nous à l’action pour que l’eau potable coule et partout et pour tous !

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