Le grand bleu sans rayures blanches

Avez-vous levé le nez ces jours-ci ? Avez-vous regardé le ciel ? Il est bleu n'est-ce pas ? Mais y avez-vous vu autre chose ? Ou plutôt n'y avez-vous PAS vu autre chose ? Le ciel est bleu. Il est seulement bleu. Aucune strie blanche ne vient le zébrer. Nous vivons – et parfois mourons – une période inouïe. Moi j'ai connu ça, quand j'étais petit, vivant au Vietnam. Mais pour bon nombre d'entre vous sur cette liste, c'est nouveau, ça n'a tout simplement jamais été. Vous n'y prêtiez sans doute pas attention puisque nés avec, mais notre ciel, même vide n'est – pardon, n'était – jamais vide – pardon, plus jamais vide  –. Il s'y trouvait toujours, toujours, de Lille à Marseille et de Bordeaux à Mulhouse, de la Plaine Saint Denis jusqu’au sommet du Mont Blanc, dès potron-minet et jusqu’au plus profond de vos rêves nocturnes, il s’y trouvait toujours au moins cinq ou six de ces barres blanches qui deviennent cotonneuses puis s’évaporent pouêtiquement au gré des vents d’altitude. Toujours, toujours précédées de cette pointe d’acier brillant qui perce le bleu. Toujours suivies d’un grondement sourd. Ce grondement qui fait que jamais plus en France, jamais, jamais plus, même perdu dans la ouate du fin fond d’une vallée enneigée perdue aux confins de montagnes perdues, jamais, jamais plus le silence ne se fait. Demain, vous regarderez le ciel, les yeux dans le bleu. Demain vous écouterez le ciel et vos z’oreilles z’en seront z’ébahies.

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