Le Loiret roule pour Bordas

Avez-vous lu le Loiret Mag de Mars Avril 2015 ?

En couverture un gamin et sa maman (sans doute...) tout heureux de voir ce qui apparaît sur un écran d'ordinateur portable. En surimpression : SOUTIEN MOD'J

Le département accompagne tous les élèves. Tous ? ça, c'est sympa, généreux et pas discriminatoire !

Et comment ? On le découvre dans le "Dossier" de 5 pages sur l'Objectif Réussite... avec le soutien scolaire Mod'J

On imagine déjà des dotations en matériel pédagogique aux collèges (dont le département à la charge), un programme d'aide aux associations intervenant en milieu scolaire par des subventions liées à un cahier des charges, une affectation du budget ASE (Aide sociale à l'enfance) pour un appui spécifique aux enfants en difficulté et sociale et scolaire...

Que nenni...

Il s'agit en fait de vanter les mérites d'un "service de soutien en ligne", utile aux élèves et à leurs parents, qui offre "une chance d'améliorer les résultats scolaires" ! Il y aura 1 compte pour les parents, 1 compte par enfant et par niveau (en tout 30 000 seront créés). Le département a investi 18 000€ dans le développement de ce projet conçu pour les jeunes de 6 à 18 ans (du CP à la Terminale) car le département, on le voit bien, ne s'intéresse pas qu'aux collégiens, mais aussi aux écoliers et aux lycéens.

En page 12 on trouve comment s'inscrire: il suffit d'entrer le mot de passe BSS15-MODJ. Fastoche... Allons-y... Et c'est là qu'on voit à l'écran dès la deuxième page que le département du Loiret s'efface devant... l'éditeur Bordas, un des géants du secteur des publications scolaires (Le Lagarde et Michard, les petits classiques Bordas etc...) qui a développé BSS (Bordas Soutien Scolaire) et se positionne sur le marché du soutien en ligne. Par philanthropie, sûrement. Oh, ils ont de l'expérience, ils respectent les programmes de l’Éducation nationale (encore heureux) et bénéficient du concours d'enseignants (Faut bien vivre...). Et ma foi, dans leur domaine, vraiment, ils ne sont pas mauvais...

Mais enfin, autant il est légitime que Bordas cherche à diversifier ses activités et se développer... autant il est discutable que la collectivité départementale et ses services se fassent, en fin de compte, les représentants de commerce pour le compte de cet honorable éditeur qui, par ce biais va récolter des adresses, des inscriptions (d'abord gratuites) des clients etc...

Sur la qualité du service, on verra bien... Sur l'interférence entre les activités d'apprentissage en classe et ces activités de soutien, on peut s'interroger. Sur les risques que représenterait pour la liberté pédagogique et les apprentissages la tutelle des collectivités locales sur les contenus et les formations ce genre d'initiative confirme les inquiétudes légitimes. Sur les bénéfices que d'aucuns tireraient de la transformation du service d'éducation en "marché", en revanche... on n 'a guère de doute. Quant aux dérives possibles... chacun peut facilement les imaginer !

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