Ecole: 4 jours, 4 et demi... ou 5 ???
28 févr. 2018
La discussion sur les rythmes scolaires est bien difficile...
Dans un précédent article on a vu qu'en un peu plus d'un siècle, le nombre de jours d'école a diminué, ainsi que le nombre de jours d'école par semaine, et le total d'heures annuelles de classe aussi. Cette tendance est d'ailleurs en corrélation avec une diminution des durées légales du travail des adultes.
Telle est la leçon de l'histoire... si tant est que l'Histoire donne des leçons!
Tournons-nous maintenant vers la géographie... ou, du moins, observons ce qu'il en est dans des pays comparables. Cette comparaison est assez difficile car les systèmes scolaires ne sont pas uniformes, ne sont pas exactement organisés selon les mêmes âges et connaissent parfois de fortes variations générales à l'intérieur d'un même pays.
Mais enfin, certaines données, justement, donnent à penser... Les tableaux -ci-dessous sont accessibles dans une étude coordonnée par Agnès Cavet Chargée d'étude et de recherche à la veille scientifique et technologique de l'Institut Français d'éducation (ENS Lyon). Cette étude est publiée dans le numéro 60 de février 2011 des dossiers d'actualité de l'INRP auquel je conseille vivement de se référer. On y trouve en 24 pages une synthèse de données, un compte rendu d'expériences multiples en matière de temps scolaires et de temps de l'enfance dans divers pays.
Certes l'étude est de 2010 et certaines données OCDE de 2008...
Mais elle n'est en rien atteinte par la date de péremption!
ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/60-fevrier-2011-integrale.pdf
Et, maintenant, place aux tableaux!
Le diagramme ci-dessus montre la durée de l'année scolaire dans les divers pays de l'OCDE en distinguant le primaire en mauve) et le secondaire (en violet).
On constate que dans la majorité des pays le même nombre de semaines est retenu pour les plus petits et pour les plus grands... On aurait pourtant pu penser que ces derniers étaient mûrs pour des années scolaires plus longues. C'est seulement en Russie qu'on fait travailler plus longtemps les plus grands. La France fait partie des pays qui concentrent la durée scolaire sur le plus petit nombre de semaines: faut-il alors s'étonner de la fatigue scolaire durant l('année et de l'impression de course pour traiter les programmes?
Le diagramme ci-dessus est encore plus instructif:
la France y apparaît comme le pays où les écoliers du primaire ont le moins de jours de classe par an.. Et de loin! La comparaison avec l'Indonésie n'a peut-être guère de sens... mais comme les jeunes Danois, Japonais et Finlandais prennent plus souvent le chemin de l'école que les jeunes Français!
Les données manquent pour certains pays où la règle est fluctuante..; Mais on constate que les jeunes Italiens devraient aller en classe 26 heures par semaine... alors que les jeunes Norvégiens n'y vont que 15 heures! Avec 24 heures de classe hebdomadaire, l'école primaire française se situe dans le groupe des pays qui sont dans la tranche "moyenne haute".
En nombre d'heures de classe par an, pour les classes primaires, la France fait partie (avec L'Australie, l'Irlande et le Luxembourg) des pays qui frôlent les 900 heures de classe par an... réparties, chez nous, sur le plus petit nombre de semaines de classe et de jours par an. Bref, nous sommes déjà les champions de la "densité" scolaire: faut-il aller encore plus loin dans ce sens?
Avant même le retour éventuel à 4 jours/semaine... on a en France le plus faible nombre de jours d'école primaire des pays développés (OCDE), soit 162 jours seulement, c'est à dire moins d'un jour sur deux dans l'année... et on sait l'effet des ponts officiellement admis! Sans même parler des ponts éventuellement arrangés par les familles (ou "absentéisme familialement cautionné").
Nous sommes déjà les champions de la durée de la journée scolaire... et c'est pour lutter contre la fatigue qui en est la conséquence que d'aucuns veulent augmenter encore ce ratio!!!! On marche sur la tête!
Quand on prend en compte non plus la durée, ni même la densité mais les rythmes scolaires proprement dit, on devrait écouter les chronobiologistes: ils s'accordent à dire que c'est en milieu de matinée que les apprentissages sont les plus efficaces: moins il y a de matinées, moins il y a d'heures efficaces. Réduire leur nombre à quatre n'est pas une bonne idée... et rester à 5 matinées (avec coupure le mercredi et classe le samedi...ou avec classe 5 jours par semaine en continuité) c'est du bon sens!
Si notre système scolaire avait abouti à des résultats fort satisfaisants... on pourrait être tenté d'en accentuer les caractéristiques.
Or ce n'est pas ce que montrent de façon désormais constante les différents classements issus des évaluations opérées! Certes, cette baisse de régime est certainement due à la conjonction de facteurs multiples: taux grandissant d'élèves non francophones, baisse de considération manifestée envers l'école et ses professionnels, difficultés de recrutement de personnels de niveau suffisant, coupes sombres pratiquées par certains gouvernements dans les systèmes de formation initiale et continue des maîtres...existence relativement tolérée de classes et d'établissements où l'on ne peut plus guère travailler, effectifs par classe élevés etc..L'organisation des rythmes scolaires n'explique à elle seule pas tout et ne constitue pas le seul moyen pour que l'école fonctionne mieux.
Mais enfin, comment pourra-t-on prétendre à plus de réussite en diminuant le nombre de jours de formation et en accroissant la durée journalière?
Peut-être que bien d'autres facteurs entrent en jeu dans cette affaire!
(à suivre!)
Je maintiens que la discussion est biaisée sur cette affaire en divers points:
*le refus constant de la collectivité publique (L'Etat) de se saisir d'une mission d'intérêt général: la mise en place d'un service de l'accueil des enfants et préadolescents dans le tiers temps qui n'est ni celui de l'école, ni celui de la famille... Service que les communes géreraient de concert avec les associations et autres structures publiques dans le cadre défini par l'Etat et une perspective éducative, culturelle, sportive (et surtout pas scolaire)!
*du coup, s'est bricolé un assemblage si complexe qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits prenant la suite du temps scolaire ou tuilant la fin du temps scolaire et baptisé de toutes sortes de noms: périscolaire, NAP, APS etc... qui s'étend dans le temps entre la fin des classes et le retour des enfants chez eux, qui saupoudre la vie des enfants d'activités d'intérêt et de valeur.... diverses... menées par des personnes plus ou moins qualifiées pour ce faire...et on aboutit aux longues journées vécues par les enfants, longues journées qui les fatiguent d'autant plus que s'y ajoutent d'autres activités choisies par les familles, quelques tâches scolaires etc... C'est cela qui fatigue les enfants... et non l'école stricto sensu!
*la conjonction d'"intérêts" variés et contradictoires...
1ceux des amateurs et admirateurs des grands week end... qui aiment et peuvent partir à la campagne, à la plage au ski pour deux jours et un chouïa...
2ceux des communes qui peuvent vouloir souhaiter que le temps d'ouverture et de chauffage des locaux scolaires soit le plus court possible...
3ceux des personnels (enseignants...) qui voient d'un bon œil la concentration des temps de service... qui réduit un peu leur temps de transports professionnels et augmente les périodes de libre disposition de leur temps...
4 l'opinion (possible)d'enfants qui aiment si peu l'école et mes apprentissages qu'ils voient d'abord que le nombre de jours où ils seront contraints à ce sort affreux sera diminué...
*"intérêts" auxquels on peut objecter ceci:
1 ces grands week end sont une source reconnue de fatigue préjudiciable à la reprise des activités scolaires le lundi matin c'est net pour les enfants que leurs familles emmènent ici et là... c'est encore plus net pour les enfants des classes populaires et familles désargentées pour lesquelles ce sacro-saint week end est surtout un long temps de télé, d'écrans, de désœuvrement au pied des immeubles etc... Diminuer le nombre de jours d'école par semaine (et par an...) c'est aussi augmenter un facteur d'inégalité sociale...
2 à ce compte-là on pourrait souhaiter que l'école ne fonctionne que trois jours par semaine... et pourquoi pas deux? Imaginons le même type de raisonnement appliqué à l'ouverture des bureaux de poste, des guichets, des hôpitaux etc... Et dans le même temps d'aucuns se réjouissent de voir les grandes surfaces ouvrir le plus grand nombre de dimanches possible!
3 on peut comprendre ce penchant des enseignants... d'autant plus que cela permet aux intéressè-e-s de résoudre assez bien la question de la garde des enfants en bas âge et de la surveillance des activités scolaires et extra scolaires des plus grands... en étant plus disponible pour s'occuper de ses propres enfants! C'est aisément compréhensible... Est-ce pour autant admissible de la part de personnes qui sont recrutées et rémunérées pour prendre en charge la formation de tous les autres enfants? De plus, on aura du mal à comprendre que les personnels puissent à la fois souhaiter la semaine de quatre jours... et se plaindre éventuellement de la longueur des journées de travail en présence des enfants et de la fatigue physique et nerveuse que cela occasionne! Hélas... bien des organisations syndicales se sont gardées de rappeler ces objections de bon sens à ceux de leurs adhérents dont le rêve secret est... d'aller en classe le moins souvent possible!
4 ben oui.... il arrive aux enfants d'avoir la vue un peu courte... A leurs parents aussi d'ailleurs... C'est bien pour ça que la décision en la matière ne devrait pas être le fruit de ce genre de consultation démocratique (ou de sondage) mais d'un choix gouvernemental délibéré et assumé. On peut même imaginer qu'une école aux journées moins chargées mais plus nombreuses et dans le cadre d'une année scolaire plus longue permettrait des apprentissages moins denses mais plus durables, et, qui sait, de manière plus épanouissante...
* A part ça...
- sur les rythmes scolaires proprement dit, les chronobiologistes s'accordent à dire que c'est en milieu de matinée que les apprentissages sont les plus efficaces: moins il y a de matinées, moins il y a d'heures efficaces. C'est pour cela que réduire leur nombre à quatre n'est pas une bonne idée... et que rester à 5 matinées (avec coupure le mercredi et classe le samedi...ou avec classe 5 jours par semaine en continuité) c'est du bon sens! C'est pour cela qu'il n'est peut-être pas très bon de s'arquebouter sur une journée de 6 heures en deux fois 3...
- sur le nombre total d'heures de classe et de jours de classe, il n'y a pas photo non plus:
avant même le retour éventuel à 4 jours/semaine... on a en France le plus faible nombre de jours d'école primaire des pays développés (OCDE), soit 162 jours seulement, c'est à dire moins d'un jour sur deux dans l'année... et on sait l'effet des ponts officiellement admis... et des ponts éventuellement arrangés par les familles (ou "absentéisme familialement cautionné").
Le nombre d'heures et officiellement de 864, soit plus que la moyenne des pays de l'OCDE. Pas besoin d'être grand mathématicien pour déduire que si on a un nombre relativement élevé d'heures de classe en un faible nombre de jours cela signifie que le nombre d'heures par jour de classe est important. Nous sommes déjà les champions de la durée de la journée scolaire... et c'est pour lutter contre la fatigue qui en est la conséquence que d'aucuns veulent augmenter encore ce ratio!!!! On marche sur la tête!
Si, enfin, notre système scolaire aboutissait à des résultats fort satisfaisants... on pourrait être tenté d'en accentuer les caractéristiques. Or ce n'est pas ce que montrent de façon désormais constante les différents classements issus des évaluations opérées! Certes, cette baisse de régime est certainement due à la conjonction de facteurs multiples (taux grandissant d'élèves non francophones, baisse de considération manifestée envers l'école et ses professionnels, difficultés de recrutement de personnels de niveau suffisant, coupes sombres pratiquées par certains gouvernements dans les systèmes de formation initiale et continue des maîtres...existence relativement tolérée de classes et d'établissements où l'on ne peut plus guère travailler, effectifs par classe élevés etc..) et pas à la seule question des rythmes scolaires. Mais enfin, comment pourra-t-on prétendre à plus de réussite en diminuant le nombre de jours de formation?
Le collectif du Gamo rassemblant des personnes d'expérience... inutile de rappeler que certains d'entre nous se souviennent de semaines avec coupure du jeudi et classe le samedi, soit 5 jours pleins par semaine... et personnellement je me rappelle ces semaines lycéennes avec après-midi libre en milieu de semaine et cours le samedi matin net TP de physique le samedi après midi de 15 heures 30 à 17 heures... Bref, le "retour à la semaine de quatre jours" n'est pas le sage retour à une tradition éprouvée et acceptée de tous... mais la deuxième édition d'une idée récente, mise en œuvre sous Sarkozy et abandonnée sous Hollande.
Vous aurez deviné si vous ne le saviez pas depuis longtemps que je suis très opposé à ce "retour-là". Et puisqu'il faut non pas seulement critiquer mais aussi proposer voici ma proposition... liée, comme je l'ai dit pour commencer à la mise en place d'un service d'accueil de l'enfance digne de ce nom. Il coûterait cher? Sans doute... Mais doit-on vraiment faire l'inventaire de ce qui coûte cher et ne répond pas à un vrai besoin des enfants, des familles et du pays?
Propositions de JCH:
5 jours de classe par semaine, en 8 , 9 ou 10 demi-journées nombre modulable selon l'âge des élèves...
25 heures de classe par semaine au maximum, avec 5 heures maximum par jour et selon les mêmes heures d'entrée et de sortie pour un même élève tout au long de la semaine!
horaires placés sur une plage resserrée dans le temps: par exemple... 9 h - 12h30... coupure méridienne... 14h - 16 h 30...
Autre proposition audacieuse: que l'horaire de l'après-midi soir reporté le plus tard possible (16 heures 18 h 30) car c'est alors, selon les chronobiologistes que l'on retrouve une deuxième période quotidienne d'attention soutenue! Mais là, c'est vraiment la révolution!
875 heures de classe par an, réparties en 5 périodes de 175 heures sur 7 semaine séparées par 2 semaines de congés au cours de l'année scolaire...
Soit 35 semaines de classe au cours d'une année scolaire, 8 semaines de "petits congés" et 9 semaines de "grandes vacances"!
alire dans les différents pays de l'OCDE.