Sénat: le triplé du Loiret

Nouvelle affiche pour le western Le bon, la brute et le truand?

Mais non...

La République du Centre a publié des images des trois sénateurs du Loiret: trois notables, trois messieurs sérieux, trois costards-cravates... Les trois favoris sont, comme on s'y attendait, à l'arrivée de la course vers le Palais du Luxembourg. Jean-Pierre Sueur en casaque rose PS, Jean-Noël Cardoux en casaque bleu LR et Hugues Saury en casaque centre droit bon teint.

L'ancien maire d'Olivet et futur ancien président du Conseil départemental 45 serait, selon ses dires, Indépendant des partis et de leurs appareils... Un peu comme le Gamo, alors? Mais bien dans la tonalité centre-droit de cette haute assemblée... De la pharmacie d'Olivet à la mairie, de la mairie au conseil départemental (après un croche-patte au centriste Yves Clément), et à la présidence du CD 45,  tremplin pour le Sénat: beau parcours de saut d'obstacles! Serge Grouard et Charles-Eric Lemaignen doivent regarder cela avec admiration... et peut-être un brin de jalousie aussi. Quant au département, habitué à plus de longévité à sa présidence, il devra se chercher une nouvelle tête.

Mais bon, ces histoires d'habileté politique ne passionnent pas grand monde. On remarquera quand même que ces messieurs de centre-droit ont utilisé une ruse cousue de fil blanc pour éviter l'un comme l'autre de laisser une place éligible à une femme de leurs rangs. En tête l'un comme l'autre de deux listes vaguement concurrentes, et prévoyant l'un et l'autre que Sueur serait indéboulonnable... ils ont échappé à la défaite promise à qui serait troisième sur une liste unique estampillée Les Républicains. Ah les malins!

Cette grosse ficelle sert l'ambition de ces messieurs et participe d'une stratégie masculiniste que dénonce le Haut Conseil à l’Égalité:

"...depuis 10 ans, le nombre de candidat.e.s et de listes a plus que doublé (754 candidat.e.s en 2008/1996 candidat.e.s en 2017), et cette année, les femmes ne représentaient qu’un quart des têtes de listes, limitant ainsi leur chance d’être élues. Les stratégies anti-parité déployées par les partis politiques se sont encore renforcées."

Par ailleurs, localement et nationalement, cette élection est un échec pour LREM et le président Macron. La théorie du "ni gauche ni droite" n'a pas fait recette auprès des "grands électeurs" et les premières mesures du gouvernement ont marqué la fin de l'état de grâce. Les élus des collectivités territoriales étaient par ailleurs les premiers à mesurer combien le nouveau coup de rabot sur les dotations de l’État allait mettre en péril de nombreux projets et services à la population. Cette claque aux marcheurs a été telle dans le Loiret que la liste LREM officielle a même obtenu moins de voix que celle des communistes, menée par une candidate respectée, connue pour ses engagements solidaires...

Quant à Jean-Pierre Sueur, c'est moins son étiquette PS que son implantation locale, le  sérieux de son travail parlementaire et une forme d'autorité morale qui lui a valu une élection de maréchal. Espérons qu'il saura œuvrer comme il s'y est engagé pour la reprise des contrats aidés, l'amélioration des dotations aux communes et s'opposer à l'insertion dans la loi de mesures de l'état d'urgence et aux excès de la réforme du code du travail! En tout cas...c'est désormais le seul parlementaire de gauche du Loiret.

Tableau des résultats de l'élection sénatoriale dans le Loiret:

1.667 grands électeurs étaient appelés aux urnes.

23 abstentions (100€ d'amende si l'excuse n'était pas valable!)

1644 votants

12 nuls

7 blancs

1625 exprimés

Liste Sueur (PS DVG)                          561 voix

Liste Saury (droite et centre)            409 voix

Liste Cardoux (LR)                              354 voix

Liste Tripet (PCF)                                  97 voix

Liste Mériau (LREM)                              94 voix

Liste Lonceint (macronien dissident) 60 voix

Liste De Gevigney (FN)                         37 voix

Liste Le Dem      (indépendant)            13 voix

Le Sénat jouera-t-il son rôle de contrepoids aux emballements et aux certitudes de la majorité "introuvable" de marcheurs qui domine à l'Assemblée nationale de tout le poids de son nombre et de ses certitudes? Fera-t-il la preuve du rôle positif du bicamérisme en vigueur en France comme dans tant d'autres pays?

Reste que notre système électoral a une nouvelle fois fait la preuve de son caractère assez peu représentatif. Les six départements de notre région envoient siéger 15 sénateurs et sénatrices. Un scrutin proportionnel à l'échelle de la région permettrait à toute liste dépassant les 6.5% d'obtenir au moins un-e élu-e. et à des options politiques plus diverses de prétendre à être représentées. Ce serait la fin de bien des finasseries et autres tambouilles... Quel président, quel gouvernement mettra enfin en chantier une réforme constitutionnelle permettant un fonctionnement plus démocratique des institutions?

Danièle Bouchoule et Jean-Christophe Haglund, "grands électeurs" pour Olivet

 

 

 

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