Mail à l'envers, mail à l'endroit

L'aménagement du Clos du Bourg va permettre de reconfigurer le centre d'Olivet, de redynamiser la vie sociale et commerciale en permettant à de nouveaux habitants de s'installer pour vivre au cœur de la commune. Nous avons déjà dit, ici et en conseil municipal, que nous étions, nous, les anciens du Gamo et les nouveaux de la liste OES, globalement favorables au projet de ZAC.

En effet, il permet d'éviter ce qui allait, à terme, être le devenir du quartier: le remplacement des maisons, ateliers, appentis et jardins par des projets immobiliers indépendants les uns des autres, et poussant ici et là,comme on le voit dans la périphérie de la zone, au gré des départs et des décès et pour le plus grand profit des marchands de bien et promoteurs avisés.

Au moins, avec une ZAC, la commune peut-elle avoir la maîtrise d'un projet architectural et urbanistique global. Cela passe, nécessairement, par une politique d'acquisitions foncières, de rachats, de négociations, voire d'expropriations. Le tout, avec le cortège habituel de regrets, de larmes, de bonnes et mauvaises affaires et de remises en cause, par certains de ceux qui sont poussés dehors, de l'intérêt général du projet ou, du moins, de la façon dont il est servi par la commune, la Semdo et France domaines. De là, des récriminations, plus ou moins fondées dont nous nous sommes fait l'écho, même si nous ne les partagions pas. Le programme d'acquisitions foncières n'est pas terminé, mais nous voici désormais au début des travaux préparatoires, avec leur cortège de démolitions et de travaux de voirie. On voudrait continuer à porter un  jugement globalement favorable sur cette Zac, mais ici et là, on peut s'interroger sur la pertinence de certains choix.

Prenons, par exemple, le cas de l'actuelle allée Thomas Mesmin, futur mail constituant l'axe majeur du projet reliant la place Louis Sallé vers l'Est et le parc du Poutyl vers l'Ouest.

Ce mail a été voulu rectiligne, comme s'il s'était agi d'un dogme intangible alors que ce n'était là qu'une option. Et malheur aux bâtiments qui se trouvaient dans la perspective... On ne regrettera pas trop la caserne des pompiers qui déparait la place de la mairie ni les deux petits immeubles qui jalonnaient l'allée Thomas Mesmin: ils ont abrité des vies, des gens, toute une histoire, et à ce titre, on comprend l'attachement de leurs habitants, mais ils ne témoignaient pas d'un grand souci architectural, ni en matière de fusion dans le paysage urbain, ni en matière d'originalité créatrice ou de qualité environnementale et esthétique. Mais était-ce bien indispensable de démolir les maisons de caractère de la rue Victor Manche? La "maison Dorneau" par exemple, rachetée à bon prix et cette autre maison, au carrefour avec le mail et actuellement en démolition (voir photo). Elle n'empêchait pas la création du mail, étant toute en longueur mais elle était trop étroite et les bureaux d'étude ne savaient pas comment en tirer parti. La solution? La démolition... non pas seulement du mur, mais de toute la maison, un bâtiment témoignant du passé d'Olivet et qui ne manquait pas de charme. Voilà  une manière bien expéditive de résoudre les problèmes!

Adieu donc, la maison, son mur et son petit jardin en façade...

 

 

Mail à l'envers, mail à l'endroit
Mail à l'envers, mail à l'endroit

Autre élément majeur de cette allée Thomas Mesmin, les deux beaux grands arbres bordant l'allée sur le terrain où l'entreprise Maître entreposait des matériaux. Un immense séquoia et un cèdre majestueux, presque imbriqués l'un dans l'autre. Ils devaient servir à donner du caractère et de l'ombrage à la future placette à partir de laquelle doit s'ouvrir une voie vers le sud rejoignant la rue du général de Gaulle dans un parcours à vocation commerciale.

On aperçoit ses arbres au bout de l'allée sur la photo ci-dessous.

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage... Le dicton se vérifie souvent mais les premiers avis de spécialistes du paysage semblent indiquer que le séquoia est bel et bien malade. Sale temps pour les séquoias à Olivet où, rue de la Source, une résidence portant ce nom s'est construite après abattage rondement mené de beaux sujets qui faisaient partie du patrimoine local. Le sequoia du mail va donc connaître le sort des des deux immeubles de l'allée. Et le cèdre? voilà qu'on s'avise du côté de la Semdo et de la mairie, qu'il aurait une allure bizarre sans le séquoia, que des branches maîtresses partent en biais, que sa ramure est ben large et son système racinaire doit l'être également et qu'il risquerait de souffrir des travaux de voirie et de viabilisation, et en particulier du creusement, tout le long de l'allée Thomas Mesmin d'une tranchée pour un vaste collecteur de stockage des eaux pluviales. Finalement, il ne serait plus aussi beau qu'on l’eût cru, les gamins risqueraient de l'escalader, et qui sait si, fragilisé par les travaux il ne serait pas vulnérable aux coups de vent...

De tous ces discours, on déduit assez vite que son avenir paraît sombre. D'ici qu'il suive le séquoia ou l'accompagne dans son trépas, il n'y a qu'un pas. Qu'à cela ne tienne, le paysagiste suggère que de beaux chênes ou hêtres pourpres, plantés déjà grands pourraient faire l'affaire...

Rien de tout cela n'est sans doute aberrant...

Mais encore une fois, le projet Zac Clos du Bourg fait passer bien des éléments du patrimoine et de la mémoire olivetaine par pertes et profits. On aurait pu s'en aviser plus tôt, l'annoncer clairement et assumer des choix au lieu de se placer dans la position de celui qui est finalement bien obligé de démolir et d'abattre... à l'insu de son plein gré, comme dirait l'autre!

 

Mail à l'envers, mail à l'endroit
Mail à l'envers, mail à l'endroit

Quant aux projets de construction de logements de l'autre côté de la rue du général de Gaulle (au sud) ils sont en voie d'être considérablement revus en ce qui concerne l'ilot 9, celui qui correspond à l'école primaire de la Cerisaie appelée à être fermée... quand une nouvelle école publique sur le site de la Vanoise sera opérationnelle. Revus... pourquoi? Parce qu'il faudrait conserver des locaux d'école publique dans le Centre? Non pas... Parce qu'il n'y aurait plus besoin de construire autant de logements que prévu? Non plus... Mais parce que voilà que le collège (privé) de la Providence se verrait bien implanter quelques classes à côté de l'école primaire (privée) de la Providence et qu'il négocie avec la mairie les conditions de cette affaire!

Et là encore, c'est tout un pan de l'histoire d'Olivet qui, sous couvert de ZAC, serait effacé ou réécrit!

Nous aurons certainement l'occasion d'y revenir.

 

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