L'Indre, pays des éléphants blancs...
27 nov. 2020Éléphants blancs en Inde? Non, dans l'Indre...
Voilà qui, a priori, peut surprendre!
En fait, il s'agit d'aviation. On sait que l'aéroport de Châteauroux-Déols a servi à de multiples tâches: base logistique de fret, aire de stockage d'avions immobilisés (comme récemment en temps de confinement), site d'entraînement pour les pilotes voire tête de lignes vers Ajaccio, Biarritz ou Londres...
Mais cet aéroport pourrait devenir un site de maintenance (nettoyage, peinture...) pour aéronefs de grande taille. Le projet est ancien; il suscite des espoirs (emplois, dynamisme de l'activité économique locale); il suppose un fort investissement de la région; il entraîne également les interrogations et les réserves des élus écologistes, comme on peut le lire dans le texte ci-dessous, communiqué par le groupe écologiste du Conseil régional.
Nous avons vu, ici à Olivet, combien il a pu être difficile de convaincre qu'il était légitime de mettre en question l'intérêt réel de très grands projets, comme la ligne LGV Paris Lyon, via Orléans et Bourges ou encore le gigantesque Comet que nous voyons se monter le long de la RD 2020.
La question se pose apparemment un peu plus au sud, si l'on en croit les écologistes régionaux.
Cela dit, tant qu'on aperçoit pas d'éléphants roses au cœur du Berry...
hangar aéronautique à Châteauroux : le risque d’un « éléphant blanc »
Lors de sa commission permanente du 20 novembre, le Conseil régional Centre-Val de Loire a décidé d’augmenter l’enveloppe prévisionnelle du projet d’immense hangar aéronautique à Châteauroux, qui passe à 22 millions d’euros TTC, dont plus de 18 restent à verser par la Région.
Le groupe écologiste ne s’est jamais opposé au choix d’essayer de développer une activité de maintenance à l’aéroport de Châteauroux : il est bien sûr nécessaire d’assurer l’entretien des avions et nous avons toujours considéré que les infrastructures héritées de la base américaine rendaient possible un certain développement de la maintenance aéronautique. Ce sont principalement des activités de peinture qui ont été installées.
S’agissant de ce projet de hangar qui ne date pas d’hier, nous avons cependant toujours tenu à ce que les dépenses importantes consenties par la Région pour sa construction soient liées à l’engagement d’une entreprise à l’occuper une fois construit et à payer des loyers.
Parmi les groupes siégeant au Conseil régional, nous sommes apparemment le seul à considérer que l’énorme crise de l’aéronautique risque d’engendrer partout des surcapacités et que, dans ce contexte, il se pourrait que cet immense hangar, comme il n’en existe aujourd’hui qu’une vingtaine dans le monde, devienne demain un « éléphant blanc ».
Nous avons donc proposé de geler ce dossier, le temps de réaliser un audit indépendant qui aurait permis à notre Région de prendre des décisions plus éclairées. Cet audit aurait pu établir précisément ce qui a déjà été engagé. Parallèlement, il aurait défini les perspectives réalistes de pouvoir louer ce hangar dans les prochaines années à une ou des entreprises, ne serait-ce que pour pouvoir amortir l’investissement régional, dans le contexte non seulement de la crise aéronautique liée à la crise sanitaire, mais aussi dans le cadre de la remise en cause du développement de l’aérien pour répondre à l’enjeu climatique. Une autre dimension de cet audit aurait pu consister à réfléchir aux projets alternatifs de développement de l’Indre qui auraient pu être conduits dans les prochaines années avec les millions d’euros non investis dans ce projet de grand hangar, si celui-ci s’avérait finalement trop incertain.
Mais les autres groupes ne l’ont pas entendu ainsi : considérant qu’il ne faut surtout pas mettre ce projet en difficulté, qu’il en va de l’avenir du territoire et que les collectivités doivent prendre leur part de risque. Argument ultime : l’augmentation du e-commerce dans cette crise va faire progresser le fret aérien !
Notre amendement a été rejeté et le rapport prévoyant l’augmentation du budget du grand hangar aéronautique a été soutenu par l’ensemble des autres groupes, alors que nous nous sommes pour notre part abstenus.
Malheureusement, il n’y a pas le même volontarisme pour réaliser un deuxième bassin de rétention, afin de protéger les captages d’eau potable de Châteauroux et Déols en cas de déversement sur la piste de l’aéroport Marcel Dassault : des travaux réclamés par l’Autorité environnementale depuis un quart de siècle et que notre groupe demande régulièrement mais qui, eux, coûteraient bien trop cher (2,5 millions d’euros) …
Les écologistes continueront à être vigilants sur ce dossier, et notamment sur les potentiels clients – attendus à très court terme, nous dit-on – qui feront usage de ce hangar. Nous le serons aussi, d’une façon générale, sur le bon usage de l’argent public, au service réel des habitants et de l’avenir concret des territoires.
Charles Fournier, porte-parole du groupe écologiste
Benoît Faucheux, président du groupe écologiste