Lundi matin, à l'Alliage, des médailles ont été remises par à plusieurs anciens combattants au cours d'une cérémonie militaire à laquelle assistaient quelques élus dont le maire, l'adjointe à la Culture, à l'animation et au devoir de mémoire, des conseillers majoritaires et moi-même.

Tous ces anciens combattants étaient décorés au titre de leur rôle en Afrique du Nord. Ou pour parler plus clairement, au cours de la guerre d'Algérie,  que l'on situe chronologiquement entre le 1er Novembre 1954 (attentats de la "Toussaint Rouge") et le 19 mars 1962 (lendemain des accords d’Évian). Ces dates encadrent ce qui est officiellement appelé "guerre d'Algérie" en France depuis le 18 octobre 1999. Auparavant, le discours officiel français parlait d' « événements d'Algérie », de "pacification"!

Bien sûr, les violences, la répression, les massacres avaient eu cours bien avant la Toussaint 54: il faut lire le bouleversant témoignage de Marcel Reggui sur les massacres de Guelma, en mai 1945, au cours duquel ce citoyen français d'origine algérienne, bien connu dans l'Orléanais, perdit sa sœur et deux frères.  Et on sait que les lendemains des accords d'Evian ont été ponctués de crimes, d'atrocités, de réglements de compte. L'autodétermination, l'OAS, les harkis abandonnés, le déracinement et la difficile réinstallation en France métropolitaine des rapatriés... tout cela fut l'actualité d'une époque révolue et fait désormais objet d'Histoire.

Mais sur ce que fut la guerre d'Algérie, sur ce que virent, firent et vécurent ces centaines de milliers de soldats (militaires, rappelés, contingent...) qui ont combattu "pour la France", un étrange silence a longtemps régné. Autant les faits ont pesé et pèsent encore sur notre présent, autant la mémoire collective en reste encore confuse. L'historien Benjamin Stora s'est interrogé: "Absente du débat public secoué par les “évènements” de 1968, recouverte par les soubresauts de la mémoire vichyssoise, la guerre d’Algérie a-t-elle disparu entre les années soixante-dix et le début des années quatre-vingt?" Mais il déclarait récemment que "sur la guerre d'Algérie, nous sortons peu à peu de l'occultation".

Comme en écho à la cérémonie de lundi à Olivet, uns projection au cinéma des Carmes retient l'attention. Il s'agit du film "Des hommes", en avant-première Vendredi 16 octobre à 19heures 30. Ce film de Lucas Belvaux est interprété, entre autres, par Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Daroussin. C'est une adaptation d'un livre de Laurent Mauvignier sur lequel on peut lire une passionnante étude de Carine Capone, professeure à l'Université Charles de Gaulle - Lille 3.

Voir le lien ci-dessous

http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx02.05/502

 

Le sujet de ce film n'est pas tant la guerre d'Algérie, en elle-même, que l'écho qu'elle suscite quand, à l'occasion, se déchire le voile du silence dont elle s'est accompagnée chez ceux qui, soldats français, en furent les protagonistes.

Voici comment les Carmes présentent ce film:

Ils ont été appelés en Algérie au moment des " événements " en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

La séance du vendredi 16 octobre,

en présence de Lucas Belvaux,

sera animée par Antoine de Baecque.

 

Les Carmes avertissent:

 "des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs"

Que cet avertissement ne vous dissuade pas d'aller partager ce retour sur ce passé, qui, comme d'autres, ne passe pas et cette façon dont le cinéma, après la littérature, explore aujourd'hui ces silences d'hier.

 

Dernière minute: Antoine de Baecque, historien du cinéma, étant signalé "cas contact Covid 19", ne sera pas présent aux Carmes ce soir.

Des hommes

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