Nos amis de la Vélorution Orléans ont publié ceci... et même si la rue de Gaulle dont ils parlent n'est pas celle d'Olivet, les observations qu'ils font ont de quoi nous faire réfléchir, non?

Un anniversaire qui ne rajeunit pas la politique cyclable orléanaise

La piste cyclable qui longe l’avenue Gaston Galloux ne nous en voudra pas d’avoir célébré son trentième anniversaire avec quinze jours de retard. Inaugurée le 10 novembre 1989, l’avenue devait mettre La Source à « 5 minutes du centre ville » selon le titre de l’entrefilet paru dans le tout premier numéro du mensuel municipal nouvelle formule Vivre à Orléans1 :

« Les 3500 derniers mètres de l’avenue Gaston-Galloux, ainsi nommée en souvenir de l’ancien maire d’Orléans décédé en 1980, ont été inaugurés le vendredi 10 novembre. Cette avenue, qui va du sud du pont Thinat au Parc Floral, améliore considérablement les déplacements entre La Source et le centre-ville et permettra de désengorger la circulation sur la RN 20 (avenue Roger Secrétain). Tout le long de son parcours, un soin particulier a été apporté à la réduction des diverses nuisances engendrées par la circulation ainsi qu’au traitement des espaces verts. La sécurité a constitué, cependant, le souci prioritaire et permanent des responsables de l’aménagement de cette avenue : carrefour giratoire à la jonction avec l’avenue de la Recherche scientifique et le CD 14, passages souterrains pour piétons, éclairage puissant et, surtout, continuité de la piste cyclable du nord du pont Thinat jusqu’au Parc Floral. »

On peut constater que rien n’a changé et qu’il s’agit toujours de « désengorger » (on dit plutôt aujourd’hui « fluidifier ») avec le succès que l’on connaît. Cela porte un nom : paradoxe de Braess. De manière plus globale le phénomène de trafic induit est également bien documenté : multiplier les voies de circulation automobiles n’a jamais permis de désengorger le trafic, cela amène au contraire son augmentation et ainsi finalement l’amplification des bouchons, à l’inverse de l’effet recherché.

Un exemple célèbre – et spectaculaire – de cet effet outre-Atlantique.

Depuis cette époque, l’aménagement des deux lignes de tramway – et l’important réagencement urbain qu’il a produit – a été une énorme occasion manquée de développer sérieusement l’usage du vélo à l’échelle de l’agglomération. Aux pistes globalement bien conçues ont succédé des bricolages sans qualité, sans lisibilité et sans continuité.

Jamais sans nos frites, c’est devant le parc relais vélo de Saint-Jean-le-Blanc que nous avons soufflé de vraies fausses bougies.

Une frite par tranche de dix ans.

De Galloux… au chaucidou

De l’avenue Gaston Galloux à la rue du général de Gaulle à Saint-Jean-le-Blanc il n’y a qu’un tour de roue. L’occasion d’inaugurer le traçage sur un axe refait à neuf par le conseil départemental2 d’une chaussée à voie centrale banalisée (de son petit nom : chaucidou3).

Vive le vélo et vive la France !

Le principe est simple : une voie centrale pour le trafic motorisé et deux bandes latérales dans lesquelles sont censés circuler les cyclistes. Les conducteurs dans leur auto ont le droit de chevaucher ces bandes pour croiser leurs congénères autant que de besoin.

En présence d’un trafic trop dense et/ou de feux de circulation, c’est un type d’aménagement qui perd vite de son intérêt. Il semble bien que ce soit le cas rue de Gaulle. Illustration à l’intersection avec la rue du Ballon :

Avec ce genre de chaussidou, la masse critique est vite atteinte avec une poignée de cyclistes… et quelques frites !

Un peu loin adieu chaussidou, bonjour « piste » sur trottoir avec changement de côté imposé…

Ce genre d’aménagement semble de plus en plus souvent mis en oeuvre sur le territoire métropolitain. N’hésitez pas à nous faire part de votre ressenti d’usager.

Modulo une coordination plus efficace entre le conseil départemental et la métropole, on attendrait des aménagements plus ambitieux sur ce type d’axe, et déjà un passage en zone 30. Il y a la place pour faire mieux, et plus cohérent, à condition bien sûr d’oser remettre en cause une partie du stationnement automobile, véritable dévoreur d’espace public perdu pour les mobilités actives.

Notes
  1. À retrouver sur le site des archives d’Orléans Métropole via ce lien.
  2. Malgré la compétence voirie récupérée par la métropole sur l’ensemble des communes, des axes urbains sont toujours de la responsabilité du conseil départemental du Loiret. La rue de Gaulle est ainsi un tronçon de la D951, axe départemental « structurant ». Voir cette carte.
  3. Mot-valise formé à partir de « chaussée pour les circulations douces ». Pour des explications détaillées voir cette page.
  4. Voir notre article sur le sujet.
Retour à l'accueil