Réchauffons le débat... pas le climat (fin)

Et voici la dernière publication de la contribution de l'Olivetain Joël Daroussin au "grand débat" amorcé au printemps dernier...

En espérant que chacun, individuellement, ainsi que le GAMO au plan communal et métropolitain, que tous ensemble nous pourrons agir pour une transition vers des horizons citoyens, écologiques et solidaires!

Réchauffons le débat... pas le climat (fin)

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?

Oui X

Non

 

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?

On connait cette expression tristement célèbre : un bon Indien est un Indien mort. Eh bien elle a son équivalent ici, mais honorable : une bonne calorie est une calorie non consommée. Aucun mode de chauffage n'est bon. Il faut penser isolation. Il faut penser habitat à énergie positive c'est-à-dire capable de ne pas consommer de chauffage mais d'exploiter chaque calorie consommée à d'autres fins (cuisine, éclairage...) pour chauffer l'habitat. Cela est possible. Cela se fait déjà dans des pays plus froids que le nôtre. Et cela se fait sans technologie sophistiquée (surtout pas, ce serait contre-productif ! La "maison connectée" n’est qu’un leurre de plus).

 

Et puisque vous n'en dites rien, il faut proscrire (ou strictement réserver aux nécessités absolues) la climatisation. Dans un cercle vicieux caricatural elle accélère le réchauffement global qu'elle combat localement. C'est l'archétype de ce qu'il ne faut pas faire ni laisser faire.

 

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?

Oui

Non

Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens.

 

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?

Rien puisque je suis déjà absolument convaincu. J'ai plutôt l'impression, à voir la faiblesse des propositions qui me sont faites ici dans ce questionnaire que c'est vous, ses concepteurs aussi bien que ses instigateurs, qu'il faut convaincre de la radicalité des mesures à prendre. J'ai d'ailleurs une idée à vous proposer, sur un "point de détail"…

 

Songez à la difficulté que va rencontrer la majorité des usagers des transports individuels motorisés pour changer de comportement là où il répond à une nécessité : il faut bien se rendre à son travail, il faut bien aller s'approvisionner, se rendre chez son médecin, etc. Commencer par là, c'est bien, mais c'est difficile à justifier et à faire admettre (cf. les Gilets Jaunes). En revanche, il existe un levier sur lequel agir qui, bien que douloureux pour quelques-uns, n'aurait que des avantages pour tous. Je parle d'avantages pour la planète et donc pour ses habitants. Peut-être pas pour l'emploi et l’économie mais ça, c'est une autre histoire dont on débattra ailleurs. Un levier qui ne mettrait pas ses usagers dans l'embarras. Seulement dans une frustration qui, si elle est correctement accompagnée peut servir aussi de levier psychologique pour préparer aux autres changements qui seront nécessaires. Un levier dont on peut difficilement contrer la justesse. Car défendre les sports mécaniques est injustifiable dans le contexte du changement climatique. Les sports mécaniques sont la caricature même de l'erreur délétère que nous commettons dans nos économies débridées. Si l'ont fait abstraction du plaisir pourtant systématiquement malsain qu'ils procurent à ceux et seulement à ceux qui les pratiquent, ils n'ont d'effets que négatifs. Les sports mécaniques sont une pure gabegie et ne sont rien d'autre que cela. Voilà donc un point d'entrée à la fois facile (en relatif) et puissant vers la décolonisation des esprits et vers cette sobriété qu'il faut impérativement promouvoir.

 

Des idées, il y en a à foison... Changer l'école pour la mettre au standard Montessori ou similaire, éduquer à la non violence, à la gouvernance partagée et à la coopération, former l'esprit critique, apprendre l'introspection et la méditation... Changer les transports : marchandises aussi bien que voyageurs sur les rails, la marine à voile, les canaux, et même... la traction animale ! Changer l'habitat pour en faire un fixateur plutôt qu'un consommateur de carbone. Changer de modèle agricole pour qu'il mime la circularité biologique de la nature. Changer notre rapport au temps pour changer notre rapport à la vie : ralentir pour prendre le temps de vivre, d'être présent auprès des générations qui viennent à la vie aussi bien que de celles qui s'apprêtent à la quitter, prendre le temps de penser, le temps de participer à la vie de la cité, le temps pour soi. Changer notre rapport à la mort car c'est sans doute de la peur qu'elle nous inspire que nous viennent nos maux. Se changer soi-même pour changer notre rapport au monde.

 

Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ? Plusieurs réponses possibles

Les transports en commun X

Le covoiturage X

L'auto partage X

Le transport à la demande X

Le vélo X

Autre Le cheval pardi !

 

Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?

Tous les moyens sont bons. C'est comme pour tout le reste : cela doit venir de partout : des pouvoirs publics bien sûr, mais aussi des élites, des entreprises, de l'économie sociale et solidaire, des associations, des corps intermédiaires, et des particuliers bien sûr, vous et moi. Nous parlons d'un plan Marshall qui doit mobiliser de toute urgence toutes les forces vives, toutes les imaginations, toutes les volontés. Nous parlons de sauvetage du frêle esquif qui nous permet de vivre perdus quelque part dans un vide sidéral, sans rafiot de rechange, sans même un canot de survie. Nous parlons surtout de l'humanité, car la planète et la "nature", elles, s'en sortiront sans doute. Nous parlons de notre espèce. Et nous parlons de civilisation.

 

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?

Montrer l'exemple (comme elle l'a souvent fait). Le retard que prendra le pays qui se lancera dans ce défi n'est qu'apparent et constituera une avance lorsqu'il deviendra impossible de faire autrement.

 

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?

Mille autres ! Gérer "en bon père de famille" les ressources naturelles. Aller dès maintenant vers le "zéro déchet", zéro pollution et développer une économie véritablement et intégralement circulaire. Respecter, étendre et entretenir les "communs". Organiser la fin de la spéculation financière, contenir et encadrer strictement le capitalisme sauvage, tous deux à la racine de nos difficultés. Développer l'économie sociale. Conserver ou ramener en gestion ou sous contrôle public stricte toutes les ressources essentielles ou sensibles. Eradiquer non seulement la faim mais aussi la "malbouffe". Garder constamment présent à l'esprit que l'écologie et le social sont indissociables. Etc., etc., etc.

 

Dans la même urgence et avec la même énergie que pour lutter contre le réchauffement climatique, stopper et inverser l'érosion de la biodiversité et de toutes les formes de diversité (par exemple culturelle).

 

Se convaincre une bonne fois pour toutes que si nous ne choisissons pas, de gré, aujourd'hui de changer radicalement notre impact sur notre planète, d'une façon ou d'une autre les évènements nous imposeront ce changement, mais de force.

 

Changer notre vision du monde. Changer la vision que nos hommes politiques ont du monde. Et s'ils n'en changent pas, changer d'hommes politiques.

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