Réchauffons le débat... pas le climat (2)

Nous poursuivons la publication des éléments de réponse apportés par notre ami Joël Daroussin lors de la consultation du "grand débat".

Les idées exprimées ici sont celles de Joël Daroussin... mais elles recoupent souvent les préoccupations du Gamo et les interventions de ses élus au Conseil municipal d'Olivet.

Un troisième article viendra prochainement clore cette série.

Réchauffons le débat... pas le climat (2)

 

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?

Oui X

Non

 

Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?

Là où j'habite, il ne me concerne que peu... pour le moment. C'est malheureusement la raison pour laquelle la prise de conscience est si difficile et si lente dans nos régions du monde. Mais, oui, bien évidemment il me concerne. Il me concerne directement car je peux constater le changement : il y a plus de situations météorologiques extrêmes, je vois le calendrier cultural se décaler d'année en année, je constate un effet sur ma consommation d'énergie de chauffage, je constate clairement une modification de la faune et de la flore qui m'entourent... Mais le changement climatique me concerne aussi indirectement : je vois qu'ailleurs, dans d'autres régions du monde, parfois même proches, il a déjà des effets marqués, qui lui sont parfaitement attribuables, et qui sont désastreux. Ces effets en apparence indirects conduisent pourtant à d'autres effets très directs que ceux mentionnés ci-dessus : le changement climatique a des effets géopolitiques qui produisent, par exemple, les migrations dites climatiques, dont je perçois directement les effets par l'arrivée de migrants, leur accueil si difficile et ses conséquences sur la politique nationale et locale. En fait, ici comme partout, tout est lié.

 

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?

Oui X

Non

 

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?

Bien sûr que je peux ! Et même, je dois !

 

Je circule à vélo autant que possible (c'est à dire beaucoup). Je ne prends plus jamais l'avion par choix. Je trouve des astuces pour limiter au maximum ma consommation d'eau et d'énergie. Je recycle, je composte, je répare, j'achète d'occasion. Je m'engage dans des mouvements associatifs qui réfléchissent, promeuvent, proposent, accompagnent, rassemblent, fédèrent les solutions et les porteurs de solutions.

 

Mais ce que je fais est insuffisant et je crains que ce ne soit jamais suffisant. Je manque de temps et de moyens pour faire mieux. Je ne suis pas accompagné pour cela. Par exemple, que puis-je contre l'obsolescence programmée si les pouvoirs publics ne s'emparent pas de cette question ? Que puis-je contre le système de pensée dominant qui pousse à la (sur)production, à la (sur)consommation, à l'accélération à l'infini de la vitesse, à l'effet de mimétisme qui fait que ce que le voisin possède je veux le posséder aussi, à la croyance aveugle en la croissance infinie, aux inégalités et à la concentration des richesses, à la compétition plutôt qu'à la coopération, à l'individualisme, aux puissants lobbyismes qui s'exercent près du pouvoir, et à toute les formes de violence « légales » que tout ceci produit inévitablement ?

 

Et puis j'ai aussi mes propres contradictions et incohérences : je me laisse appâter par ce système. J'y succombe, moi aussi. J'y consens par méconnaissance, faiblesse ou indifférence. Et donc j'y participe activement. Comment faire autrement lorsque l'on est immergé à chaque instant et 24 heures sur 24 dans une propagande publicitaire lobotomisante. Sait-on qu’à l'échelle mondiale, la publicité est le deuxième budget après celui de l'armement !? Face à la radicalité des changements qu'il faudrait accomplir, à commencer par le changement des esprits, à commencer par le mien, ma vision est sombre, pessimiste : j'ai du mal à croire qu'un tel changement, aussi radical et pourtant indispensable, soit possible.

 

Pour me motiver suffisamment j'aurais besoin de sentir que la volonté collective est là, à commencer par celle des décideurs, et qu'elle soit sincère, qu'elle se montre par l'exemple et par des actes politiques profonds.

 

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?

Je fais déjà tout cela. Mais même si c'est important d'agir à son niveau par de petits gestes (selon le "principe du colibri"), vous ne nous proposez là que des détails, ridiculement insignifiants au regard des enjeux. S'ils ne s'accompagnent pas de politiques publiques plus profondes, couper l'eau pendant que je me lave les dents et toutes ces "mesurettes" ne servent pas à grand chose. Les politiques de "petits pas" ne convainquent plus personne d'autre que ceux qui ne veulent rien voir. Elles produisent au contraire une frustration qui risque fort d'être contre-productive - cela se voit souvent dans les réactions de ceux qui ne sont pas "conscients" ("l’écologie, ça commence à bien faire") -.

 

Je défends l'idée de "sobriété heureuse". Mais pour être heureuse, la sobriété doit être vécue comme un bienfait. Et cela passe avant tout par un changement radical d'état d'esprit. Il faut donc commencer par instruire et éduquer. Tous les moyens mis dans la publicité et dans un système médiatique immature devraient être détournés et réemployés pour informer, instruire, transmettre utilement. Et ce, sans remplacer la forme de propagande consumériste actuelle par une autre forme de propagande qui serait soi-disant vertueuse. Mais en informant réellement, c'est-à-dire en vulgarisant et diffusant la connaissance détenue par les spécialistes en toute transparence et honnêteté, en acceptant et en organisant le débat véritable, citoyen, mais certainement ni le pugilat ni un Grand Débat autour de Petits Pas qui accouchent de Petites Souris. C'est ainsi que peut émerger l'intelligence collective, qui peut conduire aux bonnes décisions, acceptables par tous, prises dans un réel souci de démocratie et d’équité.

 

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?

Vous ne me ferez pas dire des trucs du genre : une meilleure isolation de ma maison et une aide de l'état pour la mettre en œuvre. Le changement qui s'impose est plus profond. Et il est tous azimuts. Aucun domaine de notre vie et de la vie des autres n'échappe plus aux conséquences de notre mode de vie. Quel choix puis-je faire alors parmi ceux que vous me proposez ?

 

Je ne vois pas de solution simple. 1) Le système dans lequel nous vivons est complexe et cette complexité s'accroit de jour en jour. 2) Tout est lié : chacun de mes gestes, positif ou négatif, a un impact, même dilué, à la fois positif et négatif, par ce que l'on appelle "l'effet papillon". 3) Ce qui apparait parfois comme une solution s'avère souvent, avec le recul et sur le temps long, comme pervers : c'est quasiment toujours le cas avec les "solutions" technologiques car elles participent à l'accroissement de complexité.

 

Je le répète donc : les solutions, je parle des vraies solutions, pas de mesurettes qui permettent de continuer sans changer de cap, encore moins de pseudos solutions de type "green washing" telles que le passage aux ampoules basses consommation ou à la voiture électrique, et surtout pas avec de dangereuses innovations technologiques démentielles telles que la géo-ingénierie ou l'ensemencement des océans, les vraies solutions sont ailleurs. Elles sont avant tout dans la décolonisation des esprits (cf. plus haut), puis dans la recherche de la sobriété, mais d'une sobriété qui soit heureuse, avec un objectif de société axé sur la recherche du bonheur, par tous, c'est-à-dire par l'action de tous, et pour tous, c'est-à-dire par l'action pour tous.

                                       Les défis sont là.

 

 

Réchauffons le débat... pas le climat (2)
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