Clos du Bourg, les raisons de la colère!
11 nov. 2017L'action entreprise ces derniers jours par madame Pascale Auteroche a provoqué à Olivet (et au-delà) une émotion bien compréhensible: ce n'est vraiment pas courant de recourir à la grève de la faim... pour des questions immobilières. Enfin, pas seulement immobilières, mais pour exprimer le sentiment qu'a eu l'intéressée de n'avoir pas été entendue ni traitée avec le respect et l'humanité nécessaires... par la mairie d'Olivet!
Tout le monde a entendu parler de cette affaire... Enfin, celles et ceux qui vont au marché du vendredi, ou qui lisent la République du Centre, qui écoutent France Bleu Orléans ou qui lisent ce qui arrive dans leur boîte aux lettres ou qui sont informés par des amis, voisins etc...ou qui aiment la chanson. Voici celle qui a été chantée au marché le 3 novembre:
- une maison bleue
C'est une maison bleue
Dans le centre d'Olivet
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là, ont jeté la clé
On se retrouve ensemble
Après des années de route
Et l'on vient s'asseoir autour du repas
Tout le monde est là, à cinq heures du soir
Tout Olivet s'embrume
Tout Olivet s'allume
Olivetains, où êtes vous
Sylvette et Jean-Luc, Pascale, attendez moi
Nageant dans le brouillard
Marchant au bord du Loiret
On écoutera Pascale au piano
Eric au saxo, jusqu'à la nuit noire
Un autre arrivera
Pour nous dire des nouvelles
D'un qui reviendra dans un an ou deux
Puisqu'il est heureux, on s'endormira
Tout Olivet se lève
Tout Olivet se lève
Olivetains ! où êtes vous
Claude et Michèle, Roger, attendez-moi
C'est une maison bleue
Accrochée à ma mémoire
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là, ont jeté la clef
Peuplée de cheveux longs
De grands lits et de musique
Peuplée de lumière, et peuplée de fous
Elle sera dernière à rester debout
Si tout Olivet s'effondre
Si tout Olivet s'effondre
Olivetains ! Où êtes vous
Elphège et Francine, Liliane, attendez-moi
Il y a dans cette adaptation de la chanson de Maxime Le Forestier une émotion palpable et qui correspond sans doute au vécu des uns et des autres. Cela dit... ce n'est peut-être pas là l'image que chacun se faisait de cet immeuble, tout sauf bleu d'ailleurs, du 270 rue Marcel Belot... Immeuble qui s'effondrera... pour qu'Olivet se reconstruise en centre ville, sur elle-même, pour accueillir , dans 354 logements (dont presque 20 % de logements sociaux) des familles, des enfants, des gens de tous âges et de toute condition, ce qui, en passant, n'est pas un objectif déshonorant!
Olivet Mag n'a rien publié jusqu'à présent sur ce sujet et ne le fait que maintenant que Pascale Auteroche a cessé, après son hospitalisation, sa grève de la faim et que son avocat a relancé son action de conseil juridique.
Comme beaucoup, sans doute, nous avons été pris d'un élan de sympathie (au sens propre du terme) pour Pascale Auteroche: qui ne compatirait pas à l'inquiétude de personnes qui vont être amenées à quitter des lieux où elles ont choisi de vivre, où elles se sentent bien?
Pour autant, le recours à une grève de la faim nous a semblé, pour des raisons éthiques autant que stratégiques, une manière discutable de mener une action dans ce domaine. "Soutenir" une personne qui entreprend une grève de la faim, qui met sa vie en danger, cela pose des questions, non? Ne pas "soutenir", ce n'est pas être indifférent loin de là! Des "gamistes" étaient présents aux rassemblements, des courriels ont circulé , des contacts ont été établis, des démarches sont amorcées...
Dans des situations complexes, comme celle-là, il y a toujours des gens qui expliquent tout très vite: "on vous l'avait bien dit.. la ZAC c'est une connerie, à bas la mairie qui bétonne notre cher Olivet... si ça se trouve, la mairie fait son beurre en expulsant des gens..."
Il y en a qui ont plein d'idées, qui connaissent des gens, qui vont interpeller là-dessus Sueur, Macron, Brigitte.... Et pourquoi pas le pape François, tant qu'on y est ? Et pourquoi pas Saury, d'ailleurs?
On a aussi pu entendre et lire qu'il faudrait évoquer cette question de l'indemnisation des propriétaires lors de la consultation du PLU, alors que celle-ci aborde des questions de développement durable, de zonage de la commune, de classements d'espaces boisés, de ZPA, de PPRI, de ZPPAUP etc... Nous encourageons bien sûr les Olivetains à participer à cette enquête "PLU" mais aussi à la réunion publique du jeudi 23 novembre à 20h30, à la salle polyvalente du collège de l’Orbellière, 241 rue des Cireries: celle-là sera bel et bien consacrée à la ZAC du Clos du Bourg! Elle sera sans doute animée, souhaitons surtout qu'elle apporte les éclaircissements nécessaires!
Reste la question de l'indemnisation et du relogement des propriétaires concernés.
Voici à ce sujet ce qui était paru dans le magazine municipal d'Avril 2007. Ce texte établi par Danièle Bouchoule, a été cosigné de ses deux collègues minoritaires:
Une forte inquiétude est exprimée par des habitants en phase d’expropriation, malmenés par l’incertitude sur leur avenir. Nous avons soutenu le projet de ZAC (il répond à l’intérêt général) mais nous comprenons cette émotion ! A ceux et celles qui doivent quitter maisons et jardins, la mairie doit apporter une attention particulière et soutenue.
Sans tergiversations, les achats doivent être faits aux prix véritables du centre-ville, sans spoliation, pour que les habitants concernés puissent se reloger vite. Les estimations des Domaines prévoient une marge de négociation… reconnue par la Ville lors de précédentes transactions.
La Ville, pilote de l’opération ZAC, peut exiger que l’aménageur respecte le droit et l’humanité dans les achats encore nécessaires. Elle le doit. Nous y veillerons.
Danièle Bouchoule, Gilda Putzu, Dominique Ragon
Précisons d'abord que ne sont pas concernés les résidents (locataires ou propriétaires) des "grands ensembles (!)" déjà édifiés dans le périmètre de la ZAC, ni les habitations riveraines de la rue Marcel Belot... sauf, évidemment, l'immeuble du 270 rue Marcel Belot. Évidemment... parce que sa démolition est le seul moyen d'ouvrir une continuité entre la place Louis Sallé et le futur mail qui remplacera l'allée Thomas Mesmin. Cette démolition est prévue depuis le début des réflexions préparatoires: la mairie a commencé à racheter un logement dès 2006 et elle aurait sans doute été bien inspirée d'utiliser son droit de préemption lors des transactions suivantes, quitte à utiliser les locaux récupérés pour les habitats d'urgence dont elle est peu pourvue!
Rappelons aussi que certains propriétaires, riverains de la rue Victor Manche, ne se sont pas fait prier pour vendre: parfois l'affaire peut sembler bonne (ou même l'être vraiment) parfois cela correspond à un tournant dans une vie. Non, tout le monde, dans l'affaire n'a pas été ou semblé être à plaindre!
Il faudra bien que la mairie communique clairement où on en est de la reprise du foncier, tant du fait de son action propre, que du fait de celle de la Semdo, l’aménageur choisi et, en principe, contrôlé par la commune. Qu'est ce qui, actuellement a été acheté? à qui? à quel prix? à quelle fin (conservation/démolition)? Qu'est-ce qui reste à acheter? Où en sont les négociations sur le montant des rachats? Sur les propositions de relogement?
Faute d'information complète, de transparence sur ces questions se développent des rumeurs (la mairie aurait-elle été plus arrangeante avec les uns qu'avec les autres?), des hypothèses complotistes (un vaste plan de remplacement des populations à des fins électorales) des accusations malveillantes (la mairie va empocher là-dessus de sacrés bénéfices...). Mieux vaut couper court à ces rumeurs!
Bien sûr, ni la ville ni la Semdo ne peuvent en achetant à des montants généreux, mettre en péril les finances locales ni l'équilibre de l'opération: dans de tels cas, c'est la population entière d'Olivet qui serait privée de certains équipements prévus ou qui devrait renflouer les caisses par l'impôt! Bien sûr, la ville n'a pas vocation à être un propriétaire de logements à revendre ou à louer! On n'élit pas des conseillers municipaux pour en faire des promoteurs!
Mais la ville a souvent cautionné les emprunts de promoteurs (bailleurs sociaux) pour des programmes immobiliers à caractère social, du logement moins cher, de l'accès à la propriété et obtenu par convention de pouvoir proposer des bénéficiaires de son choix (à condition bien sûr qu'ils répondent aux critères d'attribution). La ville peut exercer un droit de préemption pour récupérer des logements et terrains qui l'intéressent pour des raisons d'urbanisme, des projets à venir...
Il serait grand temps qu'Olivet utilise la palette des solutions possibles
et mette l'humain... au cœur du processus qui mènera à la construction
du Clos du Bourg!