A l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, deux candidats restent en lice.

Comme bien d'autres, à Olivet comme ailleurs en France, nous avons pris acte de cette situation électorale marquée par une assez forte participation, par l'élimination des candidats du Parti socialiste et de Les Républicains et par un choix final entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le collectif du Gamo considère que l'élection de la candidate du Front national est un risque pour notre pays, pour la démocratie et la République. Ses attaques contre les magistrats et contre la presse, son désir d'embrigadement des fonctionnaires, ses discours d'exclusion et de fermeture, sa désignation continuelle de boucs émissaires, les dérapages et provocations de certains de ses proches et de sa famille nous font redouter l'instauration en France d'un régime autoritaire analogue à ceux que connaissent aujourd'hui des pays comme la Pologne et la Hongrie. Nous tenons à la liberté associative, au droit de manifestation, à une école ouverte à tous où chacun puisse apprendre et s'épanouir. L'exercice de la citoyenneté, de la solidarité, la diversité des horizons et des formes de la culture, la liberté de création artistique... bref, tout ce que nous nous attachons à promouvoir à Olivet, entre autres dans les articles d'Olivet Mag, nous ne voulons pas risquer de le soumettre à un pouvoir qu'exercerait Marine Le Pen. Nous nous réjouissons que des responsables politiques, des autorités religieuses, des associations diverses se prononcent pour faire barrage à sa candidature.

Dans le type de second tour qui est actuellement le nôtre, la seule manière d'éliminer un-e candidat-e est de voter pour son adversaire! Nous utiliserons pour cela le bulletin Emmanuel Macron. C'est un vote de raison et non d'adhésion, ni à ce candidat ni à la totalité de son programme! Nous refusons l'abstention qui revient ici à déléguer à d'autres le soin de choisir. Et nous rappelons que les votes blancs sont certes comptés à part... mais n'entrent pas encore dans le calcul des suffrages exprimés. Peut-on permettre à une minorité d'électeurs convaincus, ou abusés, ou encore inconséquents de mener Marine Le Pen à atteindre la majorité absolue des suffrages exprimés?

Notre vote est le refus d'une aventure dangereuse. Mais c'est aussi un vote qui doit mener Emmanuel Macron, devenu président de la République, à comprendre les responsabilités qui sont les siennes. Peu d'électeurs songent à lui accorder un blanc-seing et nous ne renonçons pas pour autant à combattre les orientations politiques que nous jugerions néfastes.

Voilà le sens de notre choix de voter Macron le 7 mai 2017.

Bien des analyses, études et discours ont retenu l'attention des électeurs. Nous vous invitons à en lire une autre: elle n'émane pas d'un spécialiste éminent ni d'un commentateur patenté, mais d'un simple conseiller municipal d'une commune qui a quelques traits communs avec la nôtre. Son auteur a d'ailleurs des attaches ici, à Olivet. Mais le texte, qui circule sur l'internet, vaut surtout pour son contenu qui nous a éclairés et a vaincu nos dernières hésitations. Il correspond bien à nos espoirs et à nos convictions. Prenez le temps de le lire avant de vous prononcer.

Quelques réflexions…

          A la veille du second tour, il y a au moins certains points très clairs : les jeux ne sont pas faits ; Macron n’est pas élu de manière automatique, loin de là. L’élection se fait sur des pourcentages : si l’on imagine 40% d’abstentions, il suffirait à M. Le Pen pour être élue d’avoir 51% des 60% de votants, soit le vote de 30% du corps électoral tout entier seulement ! Or au premier tour elle n’a pas fait le plein des voix potentielles, et nous voyons tous les jours les ralliements idéologiques au Front national, et la promotion du ni/ni.

Il n’y a pas d’autre alternative que de voter Macron si l’on veut éviter le pire : voir le Front national au pouvoir.

          Je fais le choix de voter Macron pour mieux choisir mon adversaire de demain:

ce sera déjà assez difficile pour une gauche émiettée de combattre ce programme ultralibéral, de s’opposer à toujours plus de casse sociale au nom de l’économie libérale, d’imposer les changements institutionnels qui s’imposent, de faire vivre la démocratie au quotidien. Avec le FN au pouvoir, avec le mode de gouvernement que Marine Le Pen veut imposer, ce sera tout bonnement impossible.

Macron ne changera rien et gérera le système libéral à coups de rustines? Les luttes seront toujours possibles, rien ne sera irréversible!

M. Le Pen, elle, « renversera la table » de manière catastrophique pour notre société et pour l’Europe. Et elle ne respectera pas la démocratie qui l’aurait élue. La mobilisation doit être massive : les luttes viendront après !!

          Je combats ces deux programmes, mais ils ne sont pas équivalents:

il n’y a pas dans le programme de « En marche » le puissant racisme, l’égoïsme national, la haine de la culture et de la libre information, la haine d’une société ouverte et tolérante qu’il y a au Front national.

          Il ne s’agit pas de « se jeter dans les bras » de Macron :

 1°) il s’agit de choisir un adversaire qui n’attente pas aux valeurs fondamentales qui sont les miennes, et sur lesquelles je me baserai pour le combattre. Mon vote ne me « signifie » pas. C’est un acte social : il n’a pas d’impact immédiat sur ce que je suis (par ex. me trahir moi-même), c’est un rouage anonyme dans un mécanisme global. Je me renierais moi-même en posant un acte (vote blanc ou abstention) qui trahirait mes valeurs fondamentales en facilitant l’accès au pouvoir du néototalitarisme.*

2°) Il est évident depuis longtemps aux yeux de beaucoup de militants comme d’analystes politiques ou de sociologues que la constitution de la Vème république a fait plus que son temps : conçue pour une situation bi-partisane qui n’est plus, renforcée par une règle de scrutin majoritaire fort tant pour les présidentielles que pour les législatives, notre système électoral révèle ainsi des failles redoutables.

Dans ce contexte, voter Macron au deuxième tour n’a pas de sens politique autre que nous préserver de la pire des politiques. Ensuite, nous ne le laisserons pas tranquille, qu’il en soit convaincu. Préférons lutter contre lui que contre le fascisme en germe !

 

Quelques autres réflexions...

De nombreux militants de gauche ont sonné l’alarme depuis plusieurs années : s’il y a eu au cours du quinquennat écoulé quelques bonnes décisions, il y a eu trop d’atermoiements et de renoncements. Les inégalités se sont aggravées, la COP 21 est une très belle idée… rien qu’une idée pour l’instant, la situation des salariés est plus que jamais « pot de terre contre pot de fer », le parlement a plus que jamais été soumis à de permanentes « mises au pas », nos institutions et notre pléthorique administration n’ont en rien évolué, les droits de l’homme souvent bafoués, la tradition républicaine d’accueil généreux piétinée, et la France n’a pas pesé sur les institutions européennes pour les faire évoluer, au moins vers une meilleure intégration fiscale et sociale.

Enfin, la volonté permanente de mettre au pas les grands partis, au nom de la fallacieuse notion de « parti de gouvernement » - conséquence directe sans doute du cadre institutionnel qui perdure au-delà du raisonnable – a achevé de déconsidérer les partis politiques aux yeux des citoyens, au profit de « mouvements » sympathiques ou pas, mais le plus souvent mouvants, constituants des amalgames peu cohérents et parfois inconstants.

Macron, élu président, risque de ne pas avoir de majorité absolue, stable. Et c’est tant mieux : il faut cette nécessaire situation de négociation permanente. Sa volonté de réduire le parlement à une chambre d’enregistrement par la généralisation de la procédure d’urgence et la réorientation de son rôle vers le contrôle et l’évaluation a posteriori pourra ainsi être plus efficacement battue en brèche.

 

Et quelques propositions...

Militants socialistes, militants de gauche, nous nous trouvons maintenant devant un challenge immense : reconstruire un grand parti ouvert et pluraliste à partir d’un projet lisible et simple. **

Institutions

Que ce soit une sixième république ou pas, on peut imaginer : un rééquilibrage des pouvoirs, redonnant leur sens aux notions de « exécutif » et « législatif ». Un parlement avec la plus large part de proportionnelle, pour favoriser les alliances, pour obliger à des regroupements stratégiques. Un exécutif collégial, élu comme tel directement ou indirectement, responsable devant le parlement, avec un septennat unique. Des mandats électoraux non cumulables, quel que soit le niveau, renouvelables une seule fois. Et sans doute un vote obligatoire, gage de majorités réelles, assorti d’un vote blanc qui soit un suffrage exprimé. Un vrai statut de l’élu. Le développement des dispositifs de démocratie locale... en évitant qu’ils puissent être accaparés.

Europe

La France doit peser de tout son poids pour une Europe plus unie, où il n’y aurait plus de concurrence ni de dumping entre pays : un véritable « marché commun » sans concurrences sociales et fiscales. Une Europe qui investisse, au lieu d’organiser la financiarisation de l’économie, mère de l’austérité. Une Europe de la défense, avec une politique commune et des dépenses équitablement partagées. Une Europe de l’éducation et de la culture : avec Erasmus, c’est ce qui marche déjà bien.

Écologie

Parce que l’écologie n’a pas de frontières, il faut une Europe délibérément engagée dans l’écologie : marché unique des énergies renouvelables, fin rapide et totale du nucléaire, transformation urgente des modes de production agro-alimentaires et prises de mesures fortes et réelles de protection de l’environnement, de la santé humaine, de la faune et de la flore, de la mer. Il y va de notre survie à court terme. L’écologie, c’est aussi l’urbanisme, catastrophique dans notre pays : mitage des territoires et ségrégation sociale aux conséquences durables et très lourdes. C’est enfin la fin du règne massif des lobbies de l’agro-alimentaire et de la grande distribution, dévastateur.

Économie, fiscalité

Parce que ces deux domaines sont totalement liés, il faut trouver au niveau français et donc au niveau européen les voies d’une fiscalité juste, progressive sur la totalité des revenus, avantageant les revenus du travail par rapport aux revenus financiers, favorisant l’investissement et luttant contre l’évasion des profits financiers non réinvestis, intégrant l’ensemble des cotisations sociales. Tout doit être mis en œuvre pour favoriser à la fois les investissements massifs dans le collectif et les initiatives individuelles : simplifications administratives, mise en œuvre de normes environnementales, fortes mais simples et lisibles, au niveau européen.

Éducation, enseignement, culture

L’argent public doit aller à l’enseignement public ; à tout le moins, les obligations doivent être identiques pour tous (carte scolaire…). Allègement, stabilité et cohérence des programmes, confiance plus grande dans les initiatives des enseignants, nombre d’élèves réduits dans les classes, plus large autonomie des établissements. La culture, c’est avant tout le développement de la capacité individuelle à observer et à réfléchir le monde, a se forger un jugement autonome : à « penser par soi-même ». L’acquisition des savoirs et l’accès aux œuvres viennent ensuite : il sont vains sans cette capacité, sans le développement de la curiosité et de l’autonomie. L’enseignement et la politique culturelle doivent favoriser ces capacités individuelles, autant que l’accès aux œuvres (écrit, musique, arts plastiques…) et la protection des artistes. Mais une prise de conscience forte de l’obstacle économique majeur que constituent les coûts d’accès à l’information et aux œuvres, ainsi que des ségrégations territoriales fortes dans ces domaines doit induire des modifications radicales de l’économie des savoirs et de la culture. Les investissements dans l’enseignement supérieur doivent être prioritaires, au niveau européen, et là encore, favoriser la liberté de la recherche.

Je voudrais pouvoir penser qu’une telle plate-forme peut réunir toute la gauche ; que s’y reconnaissent autant les « français insoumis » que les écologistes et les socialistes déterminés à tirer un trait sur les années calamiteuses de leurs partis. Nous n’avons que quelques années pour agir : c’est tout de suite qu’il faut commencer, en commençant par ne pas nous faire « voler » les législatives par les opportunistes et les carriéristes de la politique, par ceux qui ont pu trahir les militants qui les soutenaient.

Jean-François JACQUES

Conseiller municipal à Vaucresson (92)

*L’attitude des « ni/ni » (Sens commun par exemple), l’attitude de J.L. Mélenchon sont inconcevables et irresponsables. Peu importe l’imprévisible personnalité de celui-ci : je fais confiance à ses électeurs pour agir avec éthique.

* *Je tente ici d’en proposer de grandes lignes. Elles étaient esquissées dans le programme de Benoît Hamon, il est temps maintenant d’aller plus loin.

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