Editorial mai 2017
15 mai 2017Ouf!
Ouf... les Français ont refusé clairement de donner à Marine Le Pen les clefs de l'Élysée. On insiste beaucoup sur le fait qu'elle a obtenu plus de 10 millions de voix. Le fait est certes indéniable. Mais tout aussi indéniable est le nombre de celles et ceux qui ont préféré s'abstenir, voter nul ou blanc ou choisi son adversaire: Plus de trois électeurs inscrits sur quatre ne veulent pas d'elle à la tête de l'État et récusent ses choix, ses discours et ses pratiques. Tant mieux pour notre pays, tant pis pour le FN et pour elle. Au moins dispose-t-elle désormais de temps pour répondre enfin aux convocations des juges!
Ouf... voilà terminée une longue, bien trop longue campagne présidentielle! Certes, elle a été fertile en affaires, surprises, rebondissements... Pour qui aime les feuilletons, celui-là fut gratiné et laissera des souvenirs. Mais enfin, faut-il que sur les cinq années d'un mandat présidentiel, la classe politique et les médias se focalisent pendant un an sur cette élection? Au moins, le septennat offrait l'avantage de moins fréquemment mettre cette grande parade au programme !
Ouf... voilà ébranlés, malmenés et dispersés (façon puzzle) les grands partis (LR et PS) qui dominaient le paysage politique, monopolisaient les pouvoirs, n'écoutaient les mouvements populaires que d'une oreille distraite, offraient des perspectives électorales ou professionnelles à qui se mettait à leur service ! On a vu l'émergence de mouvements nouveaux, on assiste à toutes sortes de restructurations et de remises à plat : tant mieux s'il en sort des structures politiques novatrices et responsables, tant mieux si on explore mieux désormais les voies de la démocratie vivante, celle qui peut réintégrer dans le jeu républicain et la citoyenneté active tant de gens réduits aux pauvres mots de l'aveuglement, du cynisme ou de la résignation ("A quoi bon? tous pourris, plus ça change et plus c'est pareil, ni/ni etc...")!
Par ailleurs,
Olivet, où le vote LR est dans les habitudes et où le PS se croyait incontournable, a préféré dès le premier tour Macron à Fillon, et Mélenchon à Hamon: qui dit que tout est ici figé et définitif ?
Olivet, comme Orléans sa voisine, a nettement fait barrage au FN qui plafonne à 21%, bien plus que d'autres "grosses" communes de l'agglomération comme, en particulier, Saran où MLP frôle les 34%. Il semble d'ailleurs que les communes "excentrées" de la "métropole" soient plus perméables aux thèses frontistes que celles du "centre" (votes MLP: à Chanteau 36.6%, à Ingré, 34.6%, à Ormes 39.7%, à Chécy, 28.5%...). Cela traduit-il plus de volonté de rejet et de repli, plus de malaise social ? La "métropole" est-elle un facteur aggravant ou un outil de cohésion et de réconciliation ?
Olivet (comme les autres territoires de la circonscription) votera le 10 et le 17 juin pour choisir un-e député-e à l'Assemblée Nationale. Les candidat-e-s semblent devoir être en nombre, les options multiples : vote pour créer un nouveau groupe favorable aux choix du président, vote pour éviter, au contraire, un parlement "godillot", vote pour des élu-e-s constituant un pôle majoritaire portant des espoirs écologistes et à gauche... qui persistent malgré les désillusions et les divisions! Les Olivetain-e-s sauront se déterminer comme ils l'entendent.
Pour ma part, ni macronolâtre ni macronophobe, j'apprécie que le nouveau président choisisse d'éviter les discours agressifs et haineux. S'il évite la suffisance et opte pour la bienveillance, s'il mesure ce qui l'oblige auprès de tant d'électeurs qui ont voté pour lui par raison sans pour autant adhérer à son programme, tant mieux... Et j'espère que seront portés dans le débat des thèmes majeurs que les dérives de la campagne ou la maladresse de candidats n'ont pas permis d'aborder sérieusement...Comme la refonte des institutions et des modes de scrutin (vers une VIème République ?), comme la "règle verte", comme la réaffirmation de la laïcité, comme la construction d'une politique de solidarité et d'appui à l'autonomie de chacun (vers un partage du travail et une allocation universelle ?).
Une page s'est tournée. Bien d'autres sont encore à écrire !