VELO -CITE
01 déc. 2016Faut-il élargir le « bonus écologique » aux VAE * ?
Joël Daroussin, cycliste citoyen et olivetain est membre du Groupe de Travail Vélo créé dans le cadre du Forum des habitants pour contribuer à la démocratie participative. Ce GT vélo été informé d'une initiative prise par le Club des Villes et territoires cyclables dont la ville d'Olivet fait partie. L'objectif est d'élargir le bonus écologique aux Vélos à Assistance Electrique (VAE) ainsi que l’indique ce préambule :
Le Club des villes et territoires cyclables et les entreprises de la Plateforme pour le vélo et les mobilités actives interpellent la Ministre de l’Environnement et le Secrétaire d’Etat aux Transports sur le bonus écologique élargi aux scooters électriques le 2 novembre et non aux vélos à assistance électrique (VAE). I
Ils s’étonnent qu’avec l’évaluation de ses bénéfices et du potentiel de transfert modal dont il dispose, le VAE ne soit toujours pas éligible à cette incitation financière alors que le Gouvernement vient de fixer un objectif ambitieux d’augmentation de l’usage du vélo dans le cadre de la Stratégie de développement de la mobilité propre.
Ils lui demandent donc d’élargir le bonus écologique à l’achat de vélos à assistance électrique en cohérence avec sa politique environnementale et en raison de son impact positif sur l’économie de notre pays.
On peut accéder à la totalité du courrier et au détail de l’argumentation grâce au lien suivant :(http://www.villes-cyclables.org/modules/kameleon/upload/vae_bonus_ecologique.pdf).
Courrier signé par de nombreux signataires, dont certains sont professionnellement liés au marché de la construction, de la vente et de la réparation des vélos, et entre autres des VAE…
Personne ne niera que ces VAE procurent aux utilisateurs le sentiment d’avoir retrouvé leurs jambes et leur souffle d’antan et qu’ils permettent d’envisager de recourir au vélo pour de plus longs trajets et à allure satisfaisante… si, du moins, les itinéraires cyclables accessibles sont suffisamment roulants. Personne ne peut nier, non plus, que ces engins coûtent actuellement la peau… de la selle !
Tarifs relevés chez un marchand spécialisé d’Olivet : 1300 € pour l’entrée de gamme, 3500 € pour des super bécanes et un large choix de modèles disponibles autour de 2500 €. Bref, grosso modo de 5 à 10 fois plus cher que des VPM (vélos à propulsion musculaire). Voilà qui fait hésiter le chaland…Voilà qui semble justifier le recours aux aides en tout genre…
Est-ce pour autant socialement et écologiquement une aussi bonne idée que ça ?
L’interrogation sur ce sujet ne concerne pas que le seul GT Vélo. Olivet Mag ouvre le débat en donnant écho aux remarques de Joël Daroussin.
« Personnellement je trouve assez affligeant que des véhicules électriques soient subventionnés alors que le simple vélo ne l'est pas, celui-là même qui ne consomme que votre énergie musculaire et ne produit aucun GES ** (hors sa fabrication mais qui reste probablement extrêmement réduite comparativement). Le véritable écolo c'est celui qui marche, ou qui pédale, ou qui prend les transports en commun, ou qui partage, bref qui réduit sa consommation. Pour le reste, l’encouragement au VAE reste une écologie factice et purement (r)urbaine.
Comme beaucoup d'autres avatars du même genre, les véhicules électriques se fondent sur les principes du développement "durable". Or le développement du râble continue de se baser sur le paradigme de la croissance.
Ca fait pourtant belle lurette qu’on répète la fameuse sentence émise initialement par Albert Einstein : "pour résoudre un problème il faut changer l'état d'esprit qui l'a engendré". Ainsi à chaque fois qu'on nous annonce une mesure dans ce sens, on ne résout rien. On ne fait que déplacer le problème, ajoutant une technologie à une autre, dont les effets délétères se découvrent à leur tour et se révèlent bien souvent plus difficiles encore à résoudre que ceux qu'ils étaient censés corriger. Exemples, la voiture électrique, ou le scooter électrique, ou, certes dans une bien moindre mesure, le vélo électrique, qui sont exactement comme la poubelle : on repousse seulement hors la ville la source de pollution.
Réfléchissons-y un instant. Monsieur Poubelle, qui a donné son nom à la géniale invention, a généré les décharges hors les villes, décharges qui sont désormais partiellement interdites car elles sont elles-mêmes devenues indésirables (contamination des nappes, des sols, etc.). On a donc repoussé le problème un peu plus loin encore avec les usines d'incinération des ordures ménagères qui, à leur tour, révèlent leurs limites (dioxines, métaux lourds...). Et ainsi de suite.
La voiture électrique fait de même : loin de supprimer le besoin en énergie, elle ne fait que déplacer le lieu où sa production est source de déchets (nucléaire, centrales thermiques, etc.). A-t-on vraiment résolu le problème ainsi ? Est-ce vraiment une "mobilité propre" ? Propre ici, en nos villes rendues plus respirables, sans doute. Mais là-bas, là où est produite l'énergie nécessaire ? Certainement pas !
Exemple typique du syndrome « nimby » (not in my back yard : pas dans mon jardin), pur produit d’une (r)urbanité en voie de gentrification (ac)couplée (liaison dangereuse) à une industrie en mal d’innovation (ah le mot magique !), de bonne conscience, de « vertitude », mais surtout, de nouveaux marchés pour une sacro-sainte croissance en berne. Ajoutons à cela les difficultés supplémentaires engendrées par la gestion des batteries électriques (production nécessitant entre autres les fameuses terres rares et leur lots d'esclaves extracteurs, recyclage difficile, stockage et transport de l'énergie lui-même auto-énergivore...). Sans parler de nombre d’autres inconvénients de la circulation motorisée (besoins énormes en infrastructures, accidentologie, etc.) qui eux, ne sont en rien modifiés ni même comptabilisés dans l’opération.
Le vélo électrique a son utilité s'il vient en remplacement de la voiture et lorsque l'usage de la seule véritable, génialissime et indétrônable invention, notre chère "petite reine" devient vraiment difficile (parcours relativement longs et réguliers, âge ou santé du véloteux...). De là à le subventionner... A preuve du contraire, je ne vois là qu'un moyen pour faire payer par le contribuable un nouveau joujou à des bobos (r)urbains qui souvent ne leur sert qu’à aller chercher leurs croissants au coin de la rue les dimanches matins doux et ensoleillés. »
J. Daroussin
(vilain canard empêcheux de vertituder en rond et légèrement colère)
* Velo Assistance Electrique
** Gaz Effet Serre