Réflexions d'une riveraine de la rue des Clatz...

Olivet ou la mort en direct d’une démocratie de proximité anciennement enracinée.

Quand on travaille et quitte son domicile vers 9H pour y revenir vers 19H, on ne peut pas dire que l’on participe vraiment à la vie du quartier au même titre que les retraités qui eux, vont chercher leur pain à pied tous les jours, discutent avec les passants par-dessus la haie, et sont ainsi au courant de tous les moindres événements.

Moi qui suis établie à Olivet depuis à peine plus de 20 ans, j’ai la chance d’habiter dans un quartier où les Olivetains de souche sont encore nombreux. A l’écoute de mes voisins, je peux ainsi m’informer sur ce qui se passe dans la rue, et apprendre aussi l’histoire du quartier. Ces anciens en sont la mémoire puisqu’ils y sont nés, ils savent comment les maisons anciennes ont changé de mains, comment tel voisin occupe la maison du grand père de tel autre. Ils se connaissent pour certains depuis l’enfance et avaient coutume de se retrouver le matin dans les bars du bourg d’Olivet jusqu’à une période récente. On ne les y voit de moins en moins aujourd’hui car ils prennent de l’âge. Un des traits marquants de leur comportement citoyen, c’est d’entretenir une très grande proximité avec la Mairie et monsieur le Maire. Au moindre problème qui surgissait dans le voisinage, ils avaient l’habitude d’interpeller directement les élus en Mairie, et ce jusqu’en 2008 encore, lors de l’importante mobilisation qu’a suscitée l’aménagement de la rue des Clatz.

Réflexions d'une riveraine de la rue des Clatz...

C’est Raymond Depardon, le cinéaste, qui a raconté comment son père, paysan bourguignon, lui avait transmis cette proximité naturelle avec le Maire, un homme avec qui il avait coutume de discuter sans façon. Cette attitude reposait sur un contrat tacite et ancestral : le Maire vous représentait et préservait vos intérêts et ceux de la communauté villageoise dont il était lui-même issu. Devenu célèbre et rencontrant le Président des États-Unis bien des années après, Raymond Depardon a raconté comment il s’est entretenu aussi naturellement avec le Président Barack Obama que son père le faisait avec le Maire de sa commune.

Voilà pourquoi j’écoute mes voisins quand ils me rapportent telle ou telle parole du Maire sur l’avenir du quartier. Ils sont la dernière génération à avoir maintenu une démocratie de proximité bien ancrée, et en voie d’extinction. A Olivet, elle s’est achevée avec la fin du mandat d’Hugues Saury. En 2008, le Maire a trahi la confiance des vieux du quartier en imposant un plan d’aménagement de la rue unanimement rejeté par tous les riverains, jeunes et vieux, et qui s’est révélé être une source de nuisances multiples pour les gens du quartier mais aussi pour les usagers de toute l’Agglo. Témoin de la modernité en marche, J’ai vu ces anciens être confrontés comme nous tous à la phrase : ‘ce problème n’est plus de notre ressort, c’est désormais l’Agglo qui en a la responsabilité’. Après l’Europe qui a rendu la Nation impuissante, le sentiment qu’on ne peut rien faire s’impose maintenant au niveau des Régions, par le bras armé de l’Agglo qui nous dessaisit progressivement de notre pouvoir de contrôle et d’action locale. A Olivet, la Mairie paie même 2000 euros par an un organisme chargé d’entretenir l’illusion d’une démocratie citoyenne ! Avec l’Agglo et la communauté urbaine, la politique des territoires devient un enjeu de pouvoir aux mains de quelques hommes de partis soumis à l’influence de puissants lobbys qui les financent, et qui manipulent l’opinion publique par le relais des médias locaux et de structures sous leur contrôle.

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