Le rêve d'Oliver

Voici maintenant un joli conte de Noël, écrit par Patrick Prévost, Conseiller du Quartier Ouest.

Nous le reproduisons avec l'accord de l'auteur.

"Oliver vit avec ses parents à Olivet, rue du général de Gaulle, dans une maison riveraine de la RD 14.

La RD 14, Oliver la connaît bien. Chaque jour il prend le bus pour se rendre à l’école et en revenir. Il la longe souvent à pied pour aller chez son meilleur copain, Hilarion, qui habite la commune voisine, à quelques centaines de mètres de chez lui.
Ce jour-là, en se réveillant Oliver a une formidable surprise! La bordure de la route qu’il emprunte si souvent semble s’être métamorphosée ! Plus d’ornières, ni de flaques d’eau mais des trottoirs, certes étroits, mais solides et bien entretenus !

Une limitation de vitesse à 30 et un plateau de ralentissement ont été installés à l’abord du virage, là où la circulation des piétons est si délicate compte tenu de l’étroitesse de la bordure et de la vitesse, souvent excessive, de certaines voitures.

Les automobilistes semblent devenus plus prudents et adaptent en conséquence la vitesse de leurs véhicules.

Des passages pour piétons, disposés tous les cent mètres, les incitent par ailleurs à maintenir une vitesse raisonnable et rendent plus sécurisants le passage d’un bord à l’autre de la chaussée.

Comment une telle métamorphose a-t-elle pu s’effectuer ? Oliver pense tout de suite, en ce mois de décembre, que c’est forcément un cadeau du Père Noël!…

Fou de joie, il se précipite pour faire partager la bonne nouvelle à ses parents...mais brusquement il se réveille.

Il se frotte les yeux ... tout cela n’était qu’un rêve,... suscité sans doute par la visite qu’il avait effectuée la veille chez son ami Hilarion, dans la commune voisine.

Très vite il lui faut reprendre contact avec la réalité!

Si c’est un cadeau du Père Noël, celui-ci a dû avoir des problèmes: il n’a pas été au-delà des limites de la commune voisine !

Le panneau d’accueil à Olivet est pourtant attrayant. Il incite le visiteur à découvrir une ville fleurie. Hélas, passé le panneau, c’est une autre réalité qu’il découvre, surtout s’il se déplace à pied.

Adieu les trottoirs aménagés permettant de marcher en toute sécurité et les pieds au sec ! (et même de marcher au sec tout court, lorsqu’un automobiliste indélicat vous éclabousse en roulant dans une flaque d’eau...)

Adieu les passages pour piétons !
Le seul qui existe près de chez lui n’est pas idéalement placé, surtout si, comme chaque matin et chaque soir, on doit comme Oliver prendre le bus. Et, quand on l’emprunte, mieux vaut que ce ne soit pas par un jour de pluie !

Quant au bus, mieux vaut aussi qu’il ne pleuve pas quand on l’attend ....

Tout cela laisse Oliver perplexe. Pourquoi les abords de la RD 14 sont-ils si différents d’une ville à l’autre ?

Il se souvient qu’à l’école on lui a expliqué que chaque commune a son propre budget pour financer des travaux. On lui a également expliqué que l’amélioration des routes dépendait aussi d’autres instances appelées conseil départemental et Agglo.

De plus, à l’école on a dit à Oliver qu’une vie harmonieuse en société suppose de prendre en compte les besoins de tous et de favoriser la vie ensemble. On lui a précisé que cela fait partie des engagements pris par la ville dans un document appelé “agenda 21”. Il se rappelle que, dans ce document, on parlait de développer Olivet et de préserver son identité notamment en offrant les meilleures conditions pour circuler à pied et à vélo et en favorisant les transports en commun et un usage raisonnable de la voiture.

Il se souvient aussi qu’on lui a dit que le nom donné aux rues avait pour objet de rendre hommage à des personnalités. Et il sait que le général de Gaulle a été un personnage important de l’Histoire de France (Oliver se souvient même avoir participé à une cérémonie à ce sujet le 18 juin avec sa classe!). Il se demande alors pourquoi l’entretien de la RD 14 semble si négligé dès qu’elle prend le nom de “rue du Général de Gaulle”. N’est-ce pas une façon de manquer de respect envers la mémoire de ce grand homme?

Tout cela est décidément bien complexe ! Mais, s’il croit encore au Père Noël, Oliver sait aussi que le vieux bonhomme ne peut pas tout faire...et puis il ne passe qu’une fois par an !

Il se souvient aussi qu’en éducation civique on lui a parlé de la démocratie de proximité.
On lui a dit par exemple que chaque année le maire, accompagné de conseillers municipaux, allait à vélo dans chaque quartier pour rencontrer les habitants et s’entretenir avec eux. On lui a dit aussi qu’il existait des conseils de quartier rassemblant des élus et des habitants volontaires ou tirés au sort. Peut-être ces conseillers auraient-ils des propositions réalistes à faire pour rendre sa rue plus accueillante à la circulation des piétons et plus respectueuse du nom illustre qu’elle porte?

Peut-être que, d’ici Noël prochain, le rêve d’Oliver commencera à devenir réalité..."

Patrick Prévost