Editorial mars 2016

Peu en mesure de peser sur la solution des grands problèmes du moment, bien des gens tournent leur attention sur des questions locales : tel était le constat dressé dans l’éditorial de février.

« Histoires de trottoirs, au ras des pâquerettes… » dit-on parfois d’un ton un brin méprisant. Pas si sûr : « Le local est directement branché sur l’intérêt commun » déclarait récemment le philosophe Pierre Dardot dans un entretien à la radio*. L’essentiel est, selon lui, de « réactiver le pouvoir instituant de la société ».

Encore faudrait-il que cette possibilité de débattre, de décider et de faire soit reconnue et favorisée par ceux qui exercent le pouvoir. Il y a, pour cela, la « démocratie participative », paraît-il… Mais cette expression semble souvent une marotte à agiter pour faire bien pour ouvrir les vannes de la parole… avant de laisser agir ceux qui savent, ceux qui sont experts, ceux qui ont été élus pour agir.

Alors, « les gens sont sceptiques, ils craignent de perdre leur temps et d’être instrumentalisés par les élus, comme ils ont pu l’expérimenter par le passé dans les conseils de quartier » comme l’observe le sociologue Julien Talpin dans un entretien donné à La Gazette des Communes**. Ce qui freine la démocratie participative, c’est la réticence des élus au partage effectif du pouvoir, c’est le sentiment, dans les services, que l’expertise technique compte plus que l’expérience acquise, au quotidien, par les simples citoyens.

Pas la peine, par exemple, de lancer des groupes de travail sur la circulation des vélos, sur le stationnement, si c’est pour aboutir à des réalisations qui ne tiennent pas compte des recommandations, si c’est pour commencer par exposer que les normes, les commissions municipales, les services techniques ont fait comme ça… parce que ça ne pouvait être fait autrement ! Pas la peine d’inciter à l’élaboration de projets… si c’est pour d’emblée poser que le budget de leur réalisation échappera à leurs initiateurs.

Il est parfaitement compréhensible que les avis des gens ne peuvent pas nécessairement tous être suivis : il faut alors expliquer pourquoi, rendre des comptes.

« Un bon dispositif participatif permet d’améliorer les décisions publiques et, en chemin, les participants peuvent aussi devenir de meilleurs citoyens, se former et découvrir des enjeux qui leur étaient inconnus jusqu’alors. Enfin, dans le contexte actuel de crise démocratique, la mise en œuvre d’une démocratie réellement participative peut contribuer à renforcer la légitimité de la démocratie représentative. » conclut Julien Talpin.

On ne saurait mieux dire. Et cette conclusion vaut aussi pour Olivet.

* http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14310-26.02.2016-ITEMA_20922877-6.mp3

** http://www.lagazettedescommunes.com/431619/participation-citoyenne-le-blocage-vient-essentiellement-des-elus/

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