Activités Périscolaires bon marché !

La lecture des décisions du maire en fin de l’ODJ du Conseil municipal du 26 février 2016 fait apparaître, l’embauche par les services de la famille et de la jeunesse , d’un certain nombre d’intervenants pour les activités extra-scolaires, proposées dans les différentes écoles de la ville.

Certes les temps sont aux restrictions : l’état a baissé considérablement ses dotations ,nous répètent à longueur de conseils nos édiles. Tout le monde s’accorde cependant sur le fait que certaines dépenses doivent être sanctuarisées comme la culture et l’éducation. Il appartient en effet, dans ces deux domaines, aux pouvoirs publics de veiller à la qualité des prestations éducatives et culturelles offertes aux enfants des écoles primaires de la commune.

Les élus majoritaires d’Olivet qui pratiquent à longueur de conseil l’autosatisfaction à haute dose ( quelques dizaines de fois le mot exemplarité a été prononcé au CM du 29 janvier pour qualifier différentes décisions ou actions entreprises par la ville ) seraient bien avisés de veiller à mériter ce qualificatif, en ce qui concerne les activités proposées aux enfants de la ville.

Activités Périscolaires bon marché !

Nous imaginons donc, que le coût des prestations horaires, proposées ou négociées avec les différentes personnes citées et embauchées, a été guidé par le souci d’offrir aux enfants des prestations de qualité dispensées par des intervenants compétents. Si c’est le cas, tant mieux, mais où sont citées et mises en avant les compétences, les diplômes et les références de ces vacataires intervenants ?

Car l’application de la réforme des rythmes scolaires génère un risque : l’école peut y perdre progressivement son identité de lieu pédagogique des apprentissages, pour devenir un lieu d‘activités à la demande, peu identifiées. Demande-t-on aux enfants selon quelle méthode, avec quel manuel et à quel rythme ils veulent apprendre le français et les maths ? Ce sont les adultes qui doivent déceler les besoins des enfants et y répondre, en organisant un rythme et un contenu approprié des activités de la vie de l’enfant.

Les NAP facultatives et les TAP payantes risquent de transformer l’ école, lieu des apprentissages, en un supermarché de loisirs à la carte, de garderies plus ou moins cadrées et d’initiations culturelles sur le mode ''zapping'', flatteur de l’instabilité des enfants et des individualismes, tant décriés de nos jours par certains, à l'opposé de la socialisation par l'apprentissage de la vie collective.

L’esprit de « zapping » c’est proposer des initiations : à un sport, à une langue étrangère, à l’expression théâtrale ou à une pratique artistique sur quelques semaines seulement. La sensibilisation et l’initiation ne doivent pas être des concepts cache-misère d’activités, aux antipodes, de pratiques régulières sur une durée suffisante, favorisant par l’apprentissage l’autonomie dans une pratique.

Les contenus des NAP et des TAP avaient, dans l’esprit, pour mission, d’égaliser les chances de réussite entre les enfants, en permettant l’épanouissement de certains d’entre eux, par la pratique d’activités moins scolaires ! Cette mission peut-elle être remplie à peu de frais par des « amateurs » ?

Un intervenant en théâtre, langue étrangère et pratique sportive ou artistique ne peut prétendre, en 3 ou 4 heures d’interventions par demi-trimestre, quelle que soit sa bonne volonté, à un réel impact auprès des enfants. La pratique de nombreuses activités culturelles, sportives et artistiques peut alors être qualifiée d’« exemplaire » sur le plan des dépenses publiques engagées ! Mais l’on peut se demander si elle n’est pas mensongère ? Elle semble surtout s’inscrire dans l’air du temps d’une dérive consumériste qui confond quantité et qualité et, de ce fait, pervertir ou détourner les objectifs de la réforme.

Les parents qui laissent leurs enfants à l’école après 16h45 n’ont probablement pas le choix d’autres modes de garde ; le temps périscolaire est payant certes, mais peu coûteux et souple. Le public des usagers ( parents et enfants ) est donc captif et exprime d’ailleurs peu ou pas de critiques sur le fond .

Certains enfants se plaignent cependant de ne plus avoir de vraies et longues récréations pour « jouer vraiment » et ceci surtout à la pause méridienne. Il est vrai qu’un enfant qui reste à la cantine se voit proposer des activités avant ou après son repas ! Soit il ne choisit rien et il a peu ou pas de copains pour jouer… soit il choisit son activité pour quelques semaines et ce sans que les parents soient avertis * ou consultés pour ce choix ! Quelques enfants de CM1 d’un groupe scolaire ont paradoxalement demandé à leurs parents, d’être inscrits aux NAP seulement le vendredi de 16h à 16h45, parce que ce jour là c’est : « libre : on y fait ce que l’on veut et on peut jouer avec ses camarades» !

Les services municipaux de l’enfance et de la jeunesse ne font certes qu’appliquer et mettre en œuvre une réforme voulue par l’État, et Olivet Mag se permet d’attirer l’attention, de nos concitoyens parents d’élèves, sur ces propositions municipales organisées avec beaucoup d’ énergie et de zèle mais qui laissent dubitatifs sur leurs réelles finalités pédagogiques et éducatives.

Au nom des économies budgétaires et de la fameuse dette à rembourser, nos gouvernements successifs traitent l’école et d’autres services publics comme une marchandise en abdiquant des valeurs démocratiques et républicaines. La déréglementation, le libre-choix , la profusion de l’offre sont autant d’éléments de langage symptômes de l’irruption à bas bruit dans NOS ECOLES publiques du « système marchand ».

Gérer des projets a moindre coup pour rentabiliser le temps et l’argent c’est un programme pédagogique ou un logiciel économique ?

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* Curieuse pratique que ce libre choix des activités par les seuls enfants. Les parents sont les détenteurs de l’autorité parentale sur leurs enfants : ils doivent autoriser ou non la pratique d’un sport ou d’une activité.

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