Jean ZAY
15 juin 2015Pour saluer Jean Zay en musique !
La presse locale a largement fait écho à l'adieu des Orléanais à Jean Zay en quatre étapes le lundi 18 mai (hommage vibrant de la jeunesse au Parc Pasteur, cérémonie militaire au monument de la Victoire, lectures, chants et discours dans la cour de l'hôtel Groslot, lectures et projection du documentaire Jean Zay ministre du Cinéma au théâtre d'Orléans).
Les médias nationaux et locaux ont couvert l’événement majeur que fut le mercredi 27 mai, l'entrée au Panthéon de Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz de Gaulle, Pierre Brossolette et Jean Zay, quatre figures admirables dont les noms mériteraient d'être donnés à des rues, places ou équipements à Olivet qui, jusqu'à présent, ne les a pas inscrits dans sa mémoire.
Evoquons ici un moment,sans doute moins médiatisé mais riche de sens, des hommages à Jean Zay, la présentation publique au Carré Saint-Vincent vendredi 5 juin, dans le cadre de l'opération « Aux Arts Lycéens » du travail de l'atelier animé par Charles Tobermann, musicien et professeur de musique au lycée Jean Zay à Orléans. Cette opération est soutenue par le Rectorat, la Région et les structures artistiques, ici la Scène Nationale.
L'idée était de réunir, musicalement et thématiquement les figures de Jean Zay et de Martin Luther King.
Le rapprochement était tentant : Deux contextes différents, certes : la France des années 30/40 et les USA des années 50/60... Deux parcours marqués par l'engagement : celui, politique, de Jean Zay pour la République et la modernisation de l'école, celui, militant, de Martin Luther King en faveur des Droits et de l'égalité civique. Deux hommes en butte à l'hostilité haineuse de leurs adversaires et, au terme d'un destin tragique, lâchement assassinés.
Le projet était ambitieux, puisqu'il menait à associer le travail de 35 élèves suivant les options musique/arts du son et du prestigieux quatuor Diotima, que les amateurs de musique de chambre, ancienne ou contemporaine, connaissent bien. Des musiciens reconnus... et d'autres en formation, en découverte. Et ce fut un bel échange, une belle rencontre, associant divers héritages (blues, gospel, rock, quatuor en fa de Ravel...) et des compositions nouvelles (des élèves et de Charles Tobermann) créées en écho à des textes de Langston Hughes, Maya Angelou et Jean Zay.
Ce concert atypique aura permis d'écouter le violon et le violoncelle du Quatuor Diotima s'unir aux guitares des jeunes musiciens dans une reprise d'un morceau de Django Reinhardt, entendre We shall overcome et By the rivers of Babylon, fondus dans un arrangement pour chœur, quatuor à cordes et soliste (le jeune Yannick Ifunda-Gangale à la voix prenante et sûre) et de percevoir le respect réciproque des pros et des lycéens. Et les lycéens à l'occasion, ont appris à mieux connaître et respecter deux grandes personnalités du siècle précédent, à mieux comprendre comment les musiques à la fois se répondent et se différencient, à respecter les exigences d'un concert dans une vraie salle (comme il nous en faudrait une, ici à Olivet!), comme des vrais pros...
Au fond, de quoi s'agit-il, dans tout cela ? De transmission et de partage, d'effort et d'exigence envers les jeunes, d'initiatives de professeurs, de rencontre entre l’École et la Culture...
Jean Zay, le ministre, aurait sûrement apprécié !