Carmen

Qu’est-ce que tu fabriques ? Un opéra ! En trois jours, (20,21 et 22 mars), 8000 spectateurs ont pu apprécier le résultat du projet ambitieux de l’association Fabrique Opéra : représenter Carmen, l’opéra de Georges Bizet, sur la scène du Zénith d’Orléans. Succès populaire, donc : les chiffres en témoignent et les sièges vides étaient rares ! Succès artistique, aussi.

Le très vaste plateau a permis une scénographie au service de l’action dramatique et des moments collectifs où le chœur imposant constitué pour l’occasion pouvait se déployer. Précision et dynamisme de l’Orchestre de Léonie, beauté des costumes tournant le dos à l’espagnolade kitsch souvent de mise, qualité de l’interprétation de solistes talentueux… Tout cela procurait au spectateur, malgré le confort un peu spartiate des sièges et l’éloignement de certains par rapport à la scène, le plaisir de (re) découvrir une œuvre parmi les plus jouées du répertoire et l’émotion que le spectacle de cette passion tragique peut susciter.

Succès enfin d’un projet original qui a associé depuis des mois des professionnels de la musique et de l’art lyrique, des bénévoles issus du monde associatif, des chorales locales, des structures originales portées par Clément Joubert et son équipe, comme l’Orchestre de Léonie, la maîtrise de Léonard et le chœuropéra spécialement rassemblé... et des établissements et des classes en charge du projet scénographique (Section Arts Appliqués du lycée Péguy), de la construction des décors (lycée Gaudier Brezka), des costumes (lycée Gauguin), et de relations publiques et accueil (lycée Voltaire. Les CFA de la chambre des métiers, (coiffure, maquillage), de l'AFTEC (communication...), de l'AgglO ((accueil, logistique) ont aussi été de la partie.

Avec l’appui des collectivités territoriales (Ville, Région) et de certaines entreprises, malgré le coût élevé des prestations payantes: location de la salle pour plus du tiers des dépenses, salaires et charges pour près de la moitié,…) un budget de 530 000€ a pu être bouclé. L'aventure peut donc continuer et on attend avec curiosité et impatience de connaître le futur projet de la Fabrique Opéra.

Cette réussite montre bien qu’une politique culturelle doit permettre aussi bien les « grands moments exceptionnels » que la permanence des structures qui assurent l’emploi durable des artistes et techniciens (Orchestres, conservatoires, salles) et une politique durable de création et de diffusion reposant sur les structures institutionnelles et sur les associations, porteuses de leur enthousiasme, de leur ancrage local. Cela montre aussi qu’à l’échelle d’une agglomération comme Orléans il faut disposer d’une diversité de salles adaptées à la diversité des formes d’expression et des publics.

Le Zénith… c’est très grand (éventuellement trop) et très cher. Le Carré Saint-Vincent… c’est très pro et très plein. La salle Gérard Philipe n’a toujours pas de programmation bien identifiable. Et Olivet, en dehors d’un Centre d’Yvremont vieilli et mal adapté et d’un beau théâtre de verdure pour les beaux jours, n’a que des salles exiguës (au Moulin de Vapeur et au Poutyl) qui ne peuvent répondre qu’à des utilisations bien spécifiques. La belle salle moderne de jauge moyenne au cœur de notre commune, pour créer, accueillir et offrir un espace enfin digne au conservatoire, faut-il vraiment en faire son deuil ? La réhabilitation d’Yvremont : à quel prix ? pour quel projet ? Carmen nous a emmenés « près des remparts de Séville… ». Et ce fut un beau voyage… Mais ça n’empêche pas de penser aux ambitions que mérite notre cité. Bien au contraire !

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