Les élus du Loiret et de la région Centre Val de Loire se mobilisent… pour le tracé de la future LGV Paris Lyon par Orléans. Cela a d'ailleurs été l'objet principal du dernier conseil d'AgglO

Tous les élus… Et non, justement pas ! Il y a des élus d’autres départements de la région Centre Val de Loire que ça laisse indifférents (en Indre et Loire par exemple…) et d’autres qui verraient d’un bon œil un tracé médian, comme certains élus du Cher et d’autres – hors région, de Nevers, par exemple. Et d’autres encore, au premier chef les élus EELV du Conseil régional du Centre Val de Loire qui, de manière pragmatique et écologique, contestent l’idée même que l’ouverture d’un nouveau chantier de LGV soit une réponse aux problèmes réels. Le Gamo partage leur point de vue, aujourd’hui comme hier lorsque au conseil municipal d’Olivet les seuls questionnements documentés et informés étaient venus des élus Poces.

Paris-Lyon par Orléans: un TGV... ou un mirage?

 

Remontons dans le temps !

Si Jacques Douffiagues, alors ministre des transports et maire d’Orléans, l’avait voulu… la LGV Paris Tours et au-delà serait passée par Orléans et non par Vendôme, avec, pourquoi pas, une belle grande gare moderne au Nord de l’agglomération pour permettre un passage à grande vitesse et à nuisances réduites de ceux des convois qui ne se seraient pas arrêtés. Cela aurait un peu rallongé les temps de parcours entre Paris et Tours ou Paris et Bordeaux… mais cela aurait rapproché Orléans de Tours (et de Nantes) et, surtout, intégré Orléans au réseau national et européen à grande vitesse. C’est peut-être dommage que ce choix n’ait pas été pris car on s’y serait bien sûr adapté et on aurait apprécié les avantages des TGV… car il y en a même si, globalement, le réseau ferroviaire français a souffert de la priorité donnée au tout TGV. Mais voilà : cette décision n’a pas été prise. C’est ainsi… Regretter une erreur de voilà quarante ans ne suffit pas à justifier pour autant qu’on réclame à cor et à cris une LGV Paris Lyon par Orléans!

Si l’idée dominante est qu’il faut placer Orléans dans le réseau LGV… pour que les Orléanais prennent place dans d’éventuels trains directs pour Bruxelles, Lille, Strasbourg ou Lyon… il suffit d’entreprendre enfin la jonction ferroviaire entre Orléans et Massy-Palaiseau, nœud TGV du Sud parisien. Entre Artenay (où passe la ligne Orléans Paris actuelle) et Beauvilliers ou Allonnes (au sud-est de Chartres…) où passe la LGV Paris Tours, la distance est d’une bonne trentaine de km. Entre Etampes et Saint-Arnoult de même. Et dans la plaine de Beauce, si l’on perd ainsi des terres agricoles… on sait aussi que les ouvrages d’art, courbes, remblais et déblais ne seraient pas légion.Ce « barreau » de jonction au TGV Atlantique par la Beauce relierait Orléans au réseau à grande vitesse pour une dépense bien moindre et cette solution n’interdit pas plus tard de poursuivre vers Limoges puis Toulouse (par un POLT "pendulaire" qui restaurerait cet axe ferroviaire majeur aujourd’hui sciemment délaissé). Elle n’est pratiquement jamais abordée. Pourquoi ? Insuffisance des chantiers pour le lobby du BTP ? Agression insupportable pour les céréaliers beaucerons ? Ecosystèmes encore plus vulnérables que…ceux de Sivens, entre autres ?

Posons maintenant d’autres questions qui fâchent. Cette LGV POCL tant vantée par tant d’élus… si elle passe par Orléans ne bénéficiera pas d’une nouvelle gare : les documents d’étude l’ont exclue. Les trains passeraient donc par les Aubrais où certains (certains seulement… faut pas rêver) s’arrêteront. Et après, quel trajet suivraient-ils ? Les documents consultables ne le montrent pas. Par les banlieues et faubourgs Est d’Orléans, la ligne et le pont de Vierzon ? A quelle vitesse ? Au prix de quelles nuisances ? Et où la ligne envisagée viendrait –elle rejoindre en un même fuseau le tracé autoroutier de l' A71 ? Au Sud de la Source vers la Petite Mérie et Ardon? Ou alors un contournement de l’agglomération orléanaise par l’Ouest est-il envisagé ? En longeant l’A71 depuis St Jean de la Ruelle en traversant la Loire depuis La Chapelle St Mesmin sur un nouveau pont et en enjambant le Loiret sur le territoire d’Olivet ? Que d’interrogations cruciales pour le développement urbanistique et la préservation environnementale de l’agglomération d’Orléans sont passées sous silence par les partisans de la LGV POCL! On peut comprendre qu'une exigence d’intérêt général passe par d’éventuelles nuisances locales : mais alors il faut le dire aux populations, et non pas le taire pour mieux faire rêver les gensd'un beau TGV silencieux venant les chercher à deux pas de chez eux pour les emmener sur les rails du rêve d'une modernité d'hier!

Et au fond cet intérêt général est-il bien avéré ?

Si l’intérêt général des Orléanais est que la LGV passe par Orléans Les Aubrais… c’est pour que les trains s’y arrêtent. Oui… mais l’intérêt général des habitants de Bourges (de Vierzon, Montluçon, Roanne etc…) est aussi qu’ils s’arrêtent dans ces bonnes villes… Qui croira que l’exploitant d’un réseau à GV proposera des TGV jouant les omnibus avec arrêts multiples quand l’intérêt général des voyageurs de la ligne Paris-Lyon et de l’exploitant est que les trains s’arrêtent le moins souvent possible, voire effectuent le plus grand nombre possible de navettes sans arrêts intermédiaires?. On nous a vanté l’idée que la LGV par Orléans faciliterait la relation entre le campus de la Source et ceux d’Orsay/Saclay. Sans rire ? Il faudra donc d’abord aller de la Source aux Aubrais en tram (45 minutes), espérer alors y trouver un TGV qui aurait la double caractéristique de s’arrêter aux Aubrais et à l’interconnexion prévue du côté d’Orly, là trouver le nouveau RER qui ramènera vers Orsay… et prendre le bus qui remonte vers Saclay.. ; Ça ne tient pas la route si l’on peut dire ! Autant y aller par la route en SolexI Il ne faut pas confondre la vitesse potentielle d' un train sur les portions les plus roulantes.. et la vitesse réelle d'exploitation sur tel parcours donné!

Et si l’intérêt général et la modernité bien comprise était ailleurs ? … Par exemple dans la prise en compte du nœud ferroviaire que constitue l’Orléanais et dans une politique de remise à niveau complète des lignes existantes pour qu’elle puissent permettre la circulation de rames « à vitesse augmentée » (200, 220km/h), comme on dit dans le jargon du métier, semblables aux rapides "inter city" allemands pour recréer une transversale rapide Tours Orléans Bourges Lyon et une ligne verticale rapide Orléans Vierzon Châteauroux.Limoges. . Aux gens d’Olivet et d'Orléans, de l’agglomération et de la région… il faut des trains rapides et réguliers permettant des dessertes de moyenne distance, ce que ne permet pas la LGV, des trains dont la mise en service soit économiquement viable et écologiquement moins agressive… des trains pour tout le monde et non pas des trains pour les gens d'affaires ou pour faire rêver les élus que fascine le TGV et dont l'argument se résume au fond à celui-ci:"les autres en ont, des lignes et des gares TGV alors pourquoi pas nous ?"

A ce discours un peu puéril et électoraliste, opposons le retour vers un réel plus prosaïque, réel qui se rappelle un jour ou l’autre aux rêveurs.

En veut-on un exemple ? Qui longe par la ligne actuelle ou l’autoroute A10 le chantier de la LGV Tours-Bordeaux voit (selon ce qui oriente son regard) des paysages éventrés et des terres détournées de l’agriculture ou des ouvrages d'art et des ponts audacieux (par exemple au-dessus de la Dordogne). Bientôt le TGV reliera Paris à Bordeaux en deux heures (ou plus selon le nombre d'arrêts intermédiaires ce qui après tout n’est que 33% en moins par rapport aux performances du trajet actuel (TGV jusqu'à Tours puis ligne classique) et 50% de moins que le TEE Aquitaine qui reliait les deux villes en 4 heures en mai 71. On aura ainsi "gagné" une heure ou deux heures. Gagné pour en faire quoi? La question entraîne loin. Revenons à ce qui se passe du côté des villes par lesquelles ou près desquelles passe le TGV Sud Ouest.et où parfois, parfois seulement, il s'arrêtera.

Les uns après les autres, les élus d’Angoulême, de Cognac, de la Rochelle, de communes du Sud Vendée le conseil général des Pyrénées Atlantiques, la communauté de communes de Pau découvrent (parfois il faut du temps…) que certains raccourcis ne sont plus prévus (par exemple pour éviter aux rames vers La Rochelle de passer par Poitiers), que la gare entre Cognac et Angoulême n’existera pas, que les TGV (enfin, certains, de temps en temps) emprunteront à vitesse modérée le vieux tunnel qui mène à Angoulême, que d’Angoulême et du Sud-est de la Charente… on ne bénéficiera pas du TGV pour "descendre" à Bordeaux (la« capitale régionale). Etc…

Et que décident-ils donc, ces élus échaudés ? De manifester, de protester, de menacer de ne plus payer leur quote-part du grand chantier. .Et c’est au point qu’il a fallu nommer un grand médiateur pour tenter de réconcilier ces élus de tous bords et la SNCF. Ce médiateur… c’est l’ancien ministre Jean Auroux, que « notre » sénateur Jean-Pierre Sueur connaît bien… et qu’il serait bien inspiré de rencontrer pour comprendre qu’après le rêve du TGV vient parfois le temps des pleurs et des grincements de dents. Sans compter que du temps des économies et d'investissement et d'énergie, nous ne sommes pas près de sortir, ce qui est peut-être finalement bénéfique.

Au Gamo, nous partageons les réticences manifestées par les élus EELV envers ce fantasme du TGV POCL par Orléans. Et comme nous n’avons aucune raison électorale ou partisane de taire notre opinion, nous exprimons à nouveau notre opposition à ce projet et notre préférence pour une restructuration, en région Centre Val de Loire, du réseau existant étant bien entendu que les Orléanais peuvent aussi déjà rejoindre le réseau TGV vers le sud ouest à St Pierre des Corps. Envisager une jonction au réseau Nord et Est via Massy-Palaiseau et au réseau Sud Est par une modernisation complète de la ligne classique vers Lyon... voilà qui est du domaine de l'utopie possible. Possible, si on ne rêve plus !

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